Dès notre arrivée à Tigre, Candice et moi avons décidé de nous essayer à la deuxième passion locale, après l’asado :

Le tango.

Si le nom de cette danse est le même que celui de notre tango européen,
il n’a pourtant rien en commun avec lui.

Avant de narrer notre expérience, un peu d’histoire.

Pour ceux que cela n’intéresserait pas, cliquez sur ce lien pour passer à la suite : 

Le terme tango est originaire de la communauté noire d'Amérique latine issue de l’esclavage.
"Tango" désignait à l’origine l’endroit où le négrier parquait les esclaves avant l'embarquement. 

Jusqu’à la fin du 19ème siècle, le tango est un ensemble de musique et de danses plus au moins ritualisées, pratiquées par les populations d'origine noire.

Puis il devient un genre musical qui englobe trois formes  sur lesquelles se dansent traditionnellement les pas du tango : tangos, milonga et valse.

« Rioplatense »  signifie « du Rio de la Plata ».

Dans le rio de la Plata, les danses de salon venues d'Europe (mazurkas, scottishs, valses...) subissent l'influence des Noirs. Blancs et noirs s'imitent alors mutuellement.

Parmi ces danses, il y a la Milonga.

Si elle est à l’origine du tango, beaucoup d'œuvres intitulées milongas seront plus tard rebaptisées tangos.
La Milonga a la même mesure que le tambour du candomblé (double croche/ croche/ double croche/ croche/ croche).


(photo Wikipédia)

Note : Pour l’avoir un peu pratiquée lors de nos cours, le rythme de la milonga est très vif et les pas sont une « mixture » entre le tango et le passo doble – J’adore !

A l'aube du 20ème siècle, Tango et milonga sont des danses liées aux "bordels".

Il y a durant cette époque d'immigration massive, presque trois hommes pour une seule femme.

La concurrence est donc rude et, du fait de la rareté des femmes, on danse souvent entre hommes. Le tango est alors une manière d’oublier son pays éloigné, sa pauvreté ou un désir inassouvi.


(photo Wikipédia)

D’un côté, les Noirs métissent leurs danses avec les danses européennes de salons.
De l’autre, les Blancs se moquent des Noirs en singeant leurs figures.

Le tango est né.

Mais il évoque encore une danse provocante et insolente qu'il perdra au fur et à mesure de son ascension sociale.

Ce style révélant les origines nègres du tango est encore revendiqué par certains danseurs aujourd'hui. Il est nommé tango canyengue.

Du début du siècle aux années 30, le tango passe des bas-fonds à la bourgeoisie "rioplatense".

Au début du 20ème siècle, de nombreux jeunes hommes de bonne famille cherchant à s'encanailler et à séduire facilement, vont découvrir le tango.

Il leur est cependant impossible de danser cette danse, immorale aux yeux de leur classe, avec les jeunes filles de leur milieu.

C'est donc à Paris, lors de leurs voyages initiatiques de jeunes bourgeois, qu'ils initieront la société parisienne à cette danse des bouges et des tripots.

Très vite, le tango va être adopté par la capitale française.

Il acquiert alors ses lettres de bourgeoisie.


(Photo Internet)

C'est grâce à cette aura européenne que le tango se diffusera dans la bonne société argentine et uruguayenne, en retournant ainsi sur ses terres natales.

Après la crise de 29, le tango se démode fortement en Europe et retourne alors principalement sur le rio de la Plata.
Du début du siècle aux années 30, la danse évolue, des pas plus complexes apparaissent et le tempo se ralentit fortement.

Le tango dansé se pratique alors sur des tangos, des milongas, et des valses.

Cette période de l'histoire du tango se nomme « Guardia Vieja » (la Vielle Garde).

Age d’or et déclin

Entre 1940 et 1955 le tango connaît son âge d’or.

Le tempo et le rythme des tangos joués (mais aussi des milongas et des valses) s’accélère de nouveau et se diversifie considérablement.

Puis, des années 1955 à 1980, l'influence de nouvelles musiques sur la jeunesse argentine comme le Rock’n roll et les Beatles ainsi que trois décennies de violences et d’instabilités  politiques provoquent le déclin du tango.

Le tango en Argentine et dans le monde se démode progressivement.
Il va sauter une génération.

Renaissance du tango 


                                            

Dans les années 1980, une série de spectacles nommés « Tango Argentino » fait plusieurs tournées mondiales.
De nombreux Européens se rendent compte que le tango est autre chose qu'une simple « danse musette ».
Vers la fin des années 1990 le tango se démocratise.

Le tango originel du Rio de la Plata est alors appelé « Tango argentin »
pour le distinguer du « Tango de salon » dansé en Europe .

Partout dans le monde, les milongas et autres lieux de tango se multiplient.


(Photo Internet)

A savoir qu’une Milonga ne désigne pas seulement un rythme, mais aussi le lieu où l'on danse le tango, ainsi que la soirée dansante proprement dite.

Impossible de pratiquer le tango sans connaître le « cabeceo »
(ou « cabezazo » selon les sources) .
Le « cabeceo » désigne la manière traditionnelle, délicate et discrète,
d'inviter un ou une partenaire à danser : par le regard.

On guette discrètement le regard de celui ou celle avec qui l'on souhaite danser.

Détourner le regard signifie un refus.
Si les danseurs soutiennent mutuellement leur regard, l'homme fait alors un léger signe de tête pour confirmer l'invitation.

A Buenos Aires, le « cabeceo » est très répandu, même dans les milongas fréquentées par les jeunes.
Certains y voient une sophistication ou un code, mais c'est en fait un moyen simple et pratique de choisir ses partenaires de danse en limitant la gêne ou les frustrations.


Tango argentin ou tango uruguayen
?!


(photo Internet)

Une tentative fut faite pour abandonner l'appelation « tango argentin » pour celle de « tango rioplatense », par respect pour les Uruguayens - Mais nous n’avons, pour l'instant, jamais entendu ce terme.

Il est donc important de préciser que le tango appartient aux Uruguayens autant qu’aux Argentins.

Cette musique fait tout autant partie de leur culture que de celle de leurs voisins.

En effet, les Argentins semblent avoir oublié que beaucoup de musiciens importants du tango
sont uruguayens.

Francisco Canaro, le chef d'orchestre le plus prolifique du tango, est uruguayen.

Et surtout, la Cumparsita, le tango le plus célèbre et le plus interprété, est uruguayen.

N’en déplaise à nos amis argentins qui tendent à se l’approprier !

A ce stade de ma recherche d’informations sur cette danse, je lis ceci :

« Le tango dans l'imaginaire collectif européen fut longtemps, et est encore souvent, associé à une danse rétro, de salon, voire de cabaret, c'est-à-dire à un type d'énergie de danse très tonique et parfois sec, que les amateurs de tango rioplatense trouvent même parfois guindé ou raide, et qu'ils n'aiment pas beaucoup, car donnant aux gens une fausse image, dans l'ensemble, de leur danse…
…Le tango façon danse de salon est une danse plutôt répétitive aux pas standardisés… »

Ah bon ?

« … où les bustes restent droits et assez fixes… »

Là, je suis d’accord !

« …plutôt pratiquée lors de bals dits rétro, parmi les autres danse de salon… »

Ici j’ajouterai : « Hélas ! »

« …Le tango du Rio de la Plata, quand à lui, est une danse d’improvisation où aucun pas et aucune séquence ne se répète, qui n'a de cesse d'évoluer, où les bustes sont souples et parfois mobiles….
Le tango rioplatense a toujours été, dans les bals, une danse très fluide, souple et improvisée. »

Nous avons bien compris. Les Argentins n’aiment QUE le tango argentin !

Il est vrai qu’il y a parfois de quoi être séduit…
  
Superbe!
         

(D’après photos prises à Buenos Aires par nos amis Antoine et Céline de Shana,
auprès desquels je m'excuse de n'avoir pas demandé d'autorisation et que je remercie !

Nous leur souhaitons un bon voyage vers le grand sud  et prions Antoine de ménager un peu son charmant et Ô combien patient équipage  - Pauvre Céline !!!   )

Mon avis :

Malgré le peu d’expérience que Candice et moi avons pour l’instant du tango argentin et pour avoir assisté à quelques magnifiques démonstrations, je n’affirmerai pas qu’il est plus fluide ou plus improvisé que « notre » tango.

C’est une danse superbe, très différente par le style et par le rythme. Très différente aussi selon les danseurs qui l’interprètent. 


Toutefois ma préférence pour « notre » tango demeure intacte.

Mais, surtout, je me garderai bien de m’immiscer dans ce genre de débat.

Car je pense que tout est une question de goût, tout simplement !

Pour terminer, je choisirai dans cet article très instructif de Wikipédia dont je me suis plus que largement inspirée, cette citation du compositeur Enrique Santos Discépolo :

« Le tango est une pensée triste qui se danse ».

*

Vous savez tout sur le tango argentin.

Quant à moi, désolée, je dois vous laisser.
Nous sommes jeudi soir. Nous avons un cours de tango.

Nos amis de ont déjà commencé le tango. Dès notre arrivée à Tigre, Candice et moi les accompagnons pour notre premier cours.

Certains diront : «  Et Rémy alors ? »

Qu'ils sachent que, lorsqu'ils verront Rémy danser, ils pourront en conclure qu'il va très mal !!!

Quant à nous - Verdict : Pas mal !

Nous poursuivrons donc après leur départ, même si depuis le club, c’est un peu compliqué.

En effet, les cours commencent à 20 heures - horaire de notre dernière lancha - et se terminent à 22 heures. Ajoutons à cela une demi-heure pour arriver au muelle. Cela fait 22 heures 30.
Mais notre cher Ramos accepte de venir nous chercher à cette heure pas si tardive et nous lui en sommes sincèrement reconnaissantes.

Seul reproche : l’âge des danseurs.

Si je fais partie des jeunettes - pas toujours désagréable après tout ! – imaginez Candice qui, toujours en quête d’amis de son âge, doit se laisser étreindre par des bras septuagénaires (!!!)

Dans l’espoir de trouver une « brochette » de danseurs un peu plus jeune, nous avons déjà expérimenté trois cours différents.


Chacun son style et chaque professeur offre un abord différent de cette danse.

Mais l’âge moyen ne baisse pas !


Pourtant, Candice persiste et m’anime même très souvent à sortir malgré le froid et les 2 ou 3 kilomètres à parcourir à pied pour nous rendre au cours.


Depuis près de deux mois donc, « las dos francesas » écument les cours de tango de la ville.

Nous avons même assisté, dernièrement, à notre première Milonga* organisée dans notre salle de cours par Julio, l’un de nos Maestro.

(* La Milonga, pour ceux qui n’auraient pas lu l'histoire du tango, est le nom de la danse mais aussi de la soirée dansante, ainsi que le nom des salles où se danse le tango).

Chaussées de nos nouveaux souliers à talons,
nous avons passé une soirée, disons… ennuyeuse !

Nous nous sommes régalées à admirer les pieds virevoltants d’excellents couples de danseurs.

Mais la moyenne d’âge supérieure à celle des cours et le fait qu’aucun d’entre eux n’ait eu la courtoisie d’inviter Candice à danser ne nous incitent guère à renouveler l’expérience pour le moment.

Seul le spectacle donné par un couple de professionnels nous a séduites.

Des déplacements amples, des jambes sans cesse entremêlées, deux corps en parfaite harmonie ondulant sur le rythme d’une musique vive et entraînante à souhait.

Ah ! Quand nous en serons là !… ?

Nous avons pu ainsi constater qu’il existait mille manières de danser ce tango et, pour mon plus grand plaisir, que cette danse pouvait être bien moins "planplan" - à mon goût ! - que ce que nous voyons dans les cours.

Dans les cours, c’est plutôt ce style : 
(photo Wikipédia)
 !?!

Nous avons également assister à un spectacle, offert par la ville de Tigre, qui mêlait danse classique et tango (spectacle fréquent et qui remporte toujours un franc succès).

Très beau spectacle !

Nous persisterons donc, alternant avec des cours de salsa, histoire de transpirer un peu !

Avant d’en finir avec le tango, il faut savoir que chaque pas ou séquence porte un nom.

Note : Pour  ma part, ne comprenant pas un traître mot de ce que me raconte le professeur  - surtout Julio qui parle trop vite, mâchonne toujours un bonbon et n’articule pas - il ne me reste que les yeux pour apprendre toutes ces séquences.
J’observe donc beaucoup les danseurs et râle souvent de ne pas saisir ce que l’on me dit, tandis que mes jambes fourmillent d’envie de progresser.

Voici une posture qui ne cesse de nous surprendre chaque fois que notre Maestro nous y entraîne.

La dame obéissant toujours au « macho » !

La cavalière se met en appui sur un pied.

Elle ne tient que par les bras ainsi que, le plus souvent, par le front appuyé sur celui de son cavalier.

A partir de là...il vaut mieux avoir confiance !                         

 


(Photo Internet)

Le monsieur tourne alors doucement, sur place, tandis que la dame, pivotant sur le pied d’appui, lève et redescend gracieusement l’autre pied en le croisant derrière la cheville du pied qui pivote.

Candice et moi avons baptisé ce pas : « Le flamand rose » !!!

Si l’on considère que la taille moyenne d’un Argentin doit être d’environ 1 mètre 60 (la nouvelle génération est encore plus petite que leurs pères), et que notre principal « Maestro », Julio, d’un âge certain, mesure moins d’1 mètre 50 et ne pèse probablement pas plus de 55 kilos, Candice éprouve toujours quelque hésitation à se laisser aller à cette posture… !!!

Assez parlé tango !

Revenons à Tigre pour nos derniers jours avant notre départ pour Valdés.


Et comptez sur nous pour vous tenir informés, au fil des mois,
du  progrès que feront les flamands roses ! . . .


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