La SICILE : Île de Favignana

Dimanche 20 novembre 2005 - 17h30 (16h30)
Nous sommes à Favignana
, petite île à l'ouest de la Sicile, en face de Trapani.


Nous nous amarrons au seul quai existant, avec 1m50 de fond. Merci le dériveur. Encore une fois, aucun grand bateau n'a dû venir jusqu'ici.

Les 2 premiers jours sont superbes.

Il fait beau, nous prenons le café dans le cockpit, au soleil.
Puis ça se gâte… Et ça se gâte vraiment : une tempête se lève.


Nous passons la nuit l'un sur le pont, l'autre sur le ponton, tentant de tenir debout, attachant l'annexe (toujours à l'arrière du bateau) qui voulait s'envoler, essayant de diminuer toute prise au vent, ajoutant des quantités invraisemblables d'amarres de tout côté en espérant qu'elles tiendront le coup (l'une d'elles pourtant bien costaude a cassé) et surtout souhaitant que le ponton et ses petits anneaux d'amarrage résistent à nos 15 tonnes !
Même Candice était debout, ce qui est un exploit!

Rémy a géré la situation avec sa maîtrise habituelle même si l'inquiétude marquait son visage, quant à moi, j'étais à la limite de l'hystérie, réfrénant mon envie de prendre mes affaires et quitter les lieux au plus vite tant je craignais que l'on aille se fracasser contre le mur de l'autre côté de la baie!

Finalement, tout a tenu. Nous avons juste décapité une borne électrique avec la delphinière et passé une nuit affreuse!

Nous cherchons un endroit un peu mieux abrité dans le port (qui n'est en fait qu'un port de pêche) mais si ce n'est passer de l'autre côté du même ponton, gênant ainsi la sortie de tous les petits bateau de pêche, nous ne voyons pas!

Depuis notre arrivée, nous cherchons aussi à rencontrer le responsable du port afin d'en connaître le prix…personne!

Finalement, nous apprenons que le port est fermé pour l'hiver.

Nous pouvons rester là mais sans eau ni électricité. Soit!

Enfin, pour l'eau ils ont, semble-t-il, oublié de la couper…pour l'instant?!, Aussi faisons-nous, dès la nuit tombée, le plein des cuves et bidons vidés dans la journée afin que la mémoire ne leur revienne.
Nous préfèrerions la payer et l'avoir à volonté mais ce n'est pas possible. C'EST FERME!

D'ailleurs, ici, l'hiver tout est fermé!
Favignana est une petite ville… disons plutôt… un petit village (3500 habitants), avec de petites ruelles.

Pour l'accastillage et le lèche-vitrine, nous devrons aller à Trapani (20 minutes en aliscafo - ferry rapide).
Car ici, à part de nombreux bars, boulangeries, quelques petits commerces d'alimentation, un réparateur de vélo, un menuisier (dont nous aurons bien besoin- cf. "arrivée à Cagliari") et une prison… il n'y a RIEN!

Même la pharmacie est fermée pour congés. Nous n'avons encore vu aucune plaque indiquant la présence d'un médecin et il n'y a pas de pompiers?!

        
Ce n'est pas grave, nous garderons la crise cardiaque pour une autre fois!!!

Anecdote : Rémy plaisantait en imaginant qu'ils éteignaient les incendies à l'ancienne : avec des seaux. Et bien nous apprenons que ce serait le cas, si un feu se déclarait. Mais ils commenceraient par "pisser dessus" - Propos d'un Favignanais appartenant à la protection civile, seul service de secours existant sur l'île… Oh, pardon, ils ont aussi un prêtre exorciste!

Les habitants n'ont pas la chaleur des Sardes, loin de là.
Ce sont des îliens, des vrais, plutôt fermés. Lorsque nous errons dans les rues, tous les regards sont braqués sur nous et les commentaires doivent aller bon train. Mais dès que l'on s'adresse à eux, ils sont aimables et semblent toutefois serviables.

Tous les commerces fermés (hôtels, locations de véhicule et boutiques diverses) laissent à penser que cette île est assez touristique. Mais en cette période de l'année, nous sommes les seuls touristes et pour l'instant, tous pensent que nous attendons un temps plus clément pour partir. Aucun n'imagine que nous comptons passer l'hiver ici et ceux qui l'apprennent cachent mal leur étonnement.

Et oui, à première vue cet endroit nous plait et ces îliens, que nous comptons bien tenter "d'apprivoiser", aussi!


Nous avons donc décidé de passer l'hiver ici et il ne saurait en être autrement puisque Candice, ayant déjà une bande d'amis, ne veut plus partir, son "vœu s'est réalisé" !!!

Elle n'ira pas à l'école puisque tous les jeunes vont à Trapani (il n'y a ni lycée, ni collège à Favignana, nous nous demandons même s'il y a une école maternelle, mais notre "prospection" n'en est qu'à ses débuts).
Mais ceci lui convient tout à fait (et tant mieux car suivre les cours du CNED, en allant à l'école toute la semaine: nous étions sceptiques).
Elle apprend - très vite - l'italien (j'aimerais bien en faire autant mais j'en suis toujours aux bribes évoquées dans la partie "Sardaigne"!) et ses amis sont ravis d'apprendre le français.

Tous les jours, le ponton est envahi d'adolescents venant la chercher après les cours.


Elle est déjà invitée à deux anniversaires. Et Noël approchant, elle qui redoutait de fêter le sien avec pour seule compagnie ses "vieux parents", la voici rassurée… et ravie!


Nous un peu moins :
Nous nous préparons à "l'invasion de Vent de Folie" par ces jeunes lors de la boum des 14 ans de notre fille ?!

Nous sommes le 26 novembre, le vent est toujours là.

Après un nord-est force 8 (après vérification c'était force 9), nous subissons actuellement un sud-ouest force 7. Ce qui signifie qu'après avoir tiré sur le ponton, maintenant on le pousse.


Le froid aussi est toujours là. Aux dires des Favignanais :
"Il ne fait jamais aussi froid (c'est bien notre chance). Mais vous, les français, vous avez l'habitude, il fait froid chez vous!".

Heu! Oui certes, mais en France, nous avions un bon chauffage, l'électricité et de l'eau chaude à volonté!!!


Chers lecteurs : Profitant d'un voyage à Trapani, nous allons vous "livrer" cette partie de notre "hivernage". Mais ensuite, ne soyez pas surpris de notre mutisme, tant sur le site que sur votre messagerie, car à Favignana, il n'y a pas (non plus), de cybercafé.
                             L'hiver C'EST FERME!
Vous aurez donc la suite de notre aventure mais moins fréquemment que nous vous y avions accoutumés.


Nous re-voici !

Depuis, le temps ne s'est pas arrangé. Il fait toujours aussi froid et le vent ne nous lâche pas.
On se console en se disant que c'est la dernière fois que nous sortons les gros pulls!
Nous avons déménagé de l'autre côté du ponton afin d'être mieux protégés.

Par contre nous avons pu vérifier que les Favignanais peuvent être des gens charmants malgré le premier abord.

Les commerçants chez lesquels nous allons nous saluent de loin. Les artisans sont ravis qu'on les fasse travailler et se "décarcassent" bien plus que dans une grande ville pour satisfaire nos demandes.
La bande d'amis de Candice ne fait qu'augmenter. Les invitations se succèdent.


Bref, un "trou" perdu mais le bonheur à l'état pur!

Nous avons attendu le 2 décembre pour avoir une journée de beau temps et aller explorer la partie est de l'île:

Ici le Lungomare
(l'esplanade du bord de mer)
… Et oui, nous ne sommes pas à Cannes!
2 écoliers en promenade ?!
Les criques
La campagne
L'ile de Levanzo
Vue sur Trapani
Une Cala avec l'île de Marettimo au fond
Jolie. Non?... Nous on adore!
Nous attendons une autre belle journée pour visiter la partie ouest.

Au cours de notre balade, Rémy a des hallucinations… Un voilier à l'horizon, prêt à entrer dans le port…

Impossible, nous n'avons pas croisé un bateau depuis les Baléares. Ils sont tous dans les confortables marinas.
Et pourtant, lorsque nous rejoignons
Vent de Folie, le bateau Shardane est bien amarré au quai et en plus ce sont des français, une famille avec 3 jeunes enfants!


Shardane
navigue depuis juillet, il arrive de Tunisie et doit rejoindre la France pour Noël.

L'équipage n'a croisé aucun bateau depuis septembre et est aussi surpris que nous de constater qu'il y a d'autres "fous".
Séduits également par l'île, ils attendent patiemment une fenêtre météo pour remonter sur la Corse puis le Languedoc. Nous en profitons pour partager apéros et repas.

C'est bien agréable d'échanger aventures et sentiments sans la barrière de la langue.

… Jeudi 8 décembre (Immaculée Conception donc férié en Italie).

Après une nuit encore bien agitée par le Mistral… mais on commence à s'y habituer, Shardane décide malgré tout de mettre les voiles.
Les enfants ont le cœur gros… Les amarres sont lâchées… Bon vent et bon courage !!!

Vent de Folie est de nouveau le seul occupant du ponton!

. . .

Le temps passe et vous devez vous demander ce que nous devenons…
Si ce n'est pas le cas… Ciao!


Et bien, nous sommes toujours à Favignana. Shardane a reparu 2 jours après son départ. La météo étant très mauvaise, il était plus sage de faire demi-tour.

Profitant d'une toute petite fenêtre météo 2 jours après, ils ont largué de nouveau les amarres et nous espérons vraiment que leur retour ne se passe pas trop mal. Nous serions rassurés de les savoir arrivés à bon port.

Ici, le vent et la mer ne cessent de forcir au fil des jours. Nous subissons un bon force 8 et une mer forte. La météo annonce force 9 et mer "grosse" à "très grosse" (plus forte, aucun terme n'existe) pour la Corse.

Nous ne pouvons que leur souhaiter bon courage!

Voici quelques jours, nous devions visiter des carrières (nombreuses sur l'île) à fleur d'eau, avec des Siciliens de Catania en vacances à Favignana - des passionnés de canoë-kayak - mais une pluie incessante a contrarié nos projets. Dommage.

Nous avons passé des instants brefs mais ô combien riches et intenses avec Nadia et Gianfranco (qui parle un français que beaucoup d'entre nous envieraient).
Comme avec Anakena, c'est pour des rencontres telles que celle-ci que nous avons décidé de voyager…

Merci.

Nous espérons les revoir bientôt en Sicile. Peut-être pour une virée sur l'Etna dont Rémy rêve.
En attendant voici de superbes photos dont ils vous font cadeau - Oui, "Vous" - et si vous connaissiez leur générosité, cela ne vous étonnerait pas.

Photos de Gianfranco LIOTTA (photographe et infographiste)

Il nous est pour l'instant, impossible d'aller visiter la Sicile; impossible de laisser le bateau plus d'une journée sans surveillance.

Trop risqué!


Ne vous méprenez pas. Il ne s'agit pas de vol - ici, nous ne fermons jamais la porte et il est inutile de cadenasser les vélos - il s'agit de météo.

La surveillance des amarres se veut journalière.

Quand ce n'est le Mistral (vent de nord-ouest) ou le Scirocco (vent du sud), c'est la Tramontana (vent de nord-est). Parfois les 3 dans la même journée.

Nous n'avons pas choisi le bon abri, nous direz-vous!
Nous l'avons pensé également. Mais non!
La météo est mauvaise partout. Nous apprenons même que nos amis sur Anakena, aux Canaries, viennent "d'essuyer" un ouragan.
… 17 décembre…, nous venons justement d'essuyer une nouvelle tempête.

2 jours (et 2 nuits sans dormir, bien entendu!) à vérifier de tout côté les 8 amarres censées nous retenir au ponton, remplacer celles qui ont cédé, espérer encore une fois que le ponton résiste. Celui-ci secoué par les vagues, ressemble à un tapis roulant (on se demande même s'il ne va pas s'envoler).
Au petit matin, un "inconnu", vient nous conseiller de lancer une amarre au quai en béton.
Pas facile, ce quai est à 50 mètres, en face de notre ponton.
L'après midi, toujours force 9, Tommaso (qui vient régulièrement s'installer sur Vent de Folie et demander gentiment son petit verre de Sambucca) et son ami Péppino nous donnent le même conseil.

       Nous apprenons, qu'en effet, il y a 2 ans, les fixations du ponton ont cédé ...Gloups!!!

Chose dite, chose faite… nous sommes maintenant attachés, avec leur aide, par une de nos plus grosses amarres, au seul quai solide du port, entravant ainsi la sortie de toutes les barques de pêche.
Ceci dit, il m'étonnerait que quelqu'un s'aventure en mer ces jours-ci. Même les Ferries ne circulent pas… et donc : pas d'école pour les collégiens et lycéens, pas de poste et… pas d'essence pour les Favignanais!

        Le lendemain, rien ne change malgré les annonces météorologiques (toujours aussi fiables?!).

Les adorables "papis du cercle" de Favignana viennent nous voir. Ils sont très inquiets pour nous et cherchent, en vain, où nous pourrions "déménager"…
Nous sommes très surpris de cette petite mobilisation. Alors que ces gens sont tous très aimables avec nous dans les rues de Favignana, aucun (à part nos 2 amis ci-dessus) ne venait nous voir, ni ne semblait s'inquiéter de notre sort.
Nous comprenons aujourd'hui que ces braves gens "n'osaient pas venir nous déranger"!

 

Anecdote (Ben oui quoi, il faut garder le moral) : Seul notre cher voisin, le seul Favignanais à ne jamais nous saluer, ne s'est pas manifesté. Il faut comprendre que, depuis que nous sommes passés de ce côté du ponton, nous l'obligeons à faire un petit "créneau" pour sortir sa barque!!!...
Nous l'avons baptisé "Aimable".

Et bien, cher Aimable, si nous n'avions pas entrepris ce petit déménagement, il n'y aurait plus de ponton dans le port!!!

… Mardi 20, incroyable. Nous avons dormi comme des bébés. Rien ne bouge, mer d'huile. Nous n'avons pas connu un tel calme depuis 15 jours…. Ouf!

...Sinon...ici comme ailleurs, tous s'apprêtent à fêter Noël.

Le cœur se serre un peu d'être loin de la famille… loin des amis… un peu seuls… sur notre bateau…
Aussi pensons-nous très fort à vous tous et espérons avoir une petite place dans votre cœur durant ces jours de fête.
E....a l'anno prossimo !!!

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