Nous sommes le 25 décembre. A ce jour, rien n’a changé. Nos recherches d’un autre logement restent infructueuses. Nous sommes persuadés que nous ne trouverons rien d’autre pendant cette période de fêtes, voire pour ces 2 mois complets. Mais ce matin, Señora Marta s’est levée du bon pied. Parmi ses longs discours sur sa vie et ses états d’âmes, elle nous dit apprécier beaucoup notre fille et souhaite que nous restions (le rapport entre les 2 nous ayant échappé !). L’artisan revient demain pour le gaz. Le réfrigérateur arrivera avant la fin de la semaine. De plus – incroyable mais vrai ! – elle nous confie les clés. Ouf ! Nous ne passerons plus des heures plantés devant sa porte. |
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Puis elle m’invite chez elle afin que je dispose de son réfrigérateur.
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Pour nous, l’avantage essentiel de ce logement est la proximité de l’appartement de Candice qui facilite beaucoup les visites et les repas communs. Or nous sommes là pour elle.
Nous pensons que, avec de la patience – beaucoup certes ! – tout va rentrer dans l’ordre. Nous décidons donc de rester. |
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Comment occuper ses journées à Viña del Mar quand on vit dans un taudis ? En récurant le moindre centimètre carré.
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Car impossible d’envisager de demeurer 2 mois dans une telle crasse. Nous passons donc toute la journée du 25 décembre à récurer meubles, sols (qui n’avaient probablement jamais vu la moindre serpillière), allant jusqu’à lessiver murs et plinthes. J’ai encore perdu quelques kilos et nous avons parfaitement digéré le repas du réveillon. Tout est propre. Nous sortons, histoire de nous oxygéner un peu.
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Elle est déjà passée en notre absence, comme nous l’avons immédiatement remarqué aux traces de pisse laissées par son chien tout le long du mur du couloir-coin-repas fraîchement lavé le matin même. Sans autre entrée en matière, elle s’écrie : « C’est MA maison ! Vous n’avez pas à bouger les meubles. Ce n’est pas chez vous. Vous PARTEZ ! » Je reste coite quelques minutes, n’en croyant pas mes oreilles. |
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Calmement – car complètement abattue – je lui fais remarquer le grand nettoyage que nous avons fait et lui rappelle qu’elle nous avait offert de disposer comme l’on voulait de l’appartement, proposition sans laquelle je ne me serais jamais permise de modifier la place des meubles (1 lit, 2 petites tablettes et une commode soit dit en passant, dont nous avons aussi décaper la crasse). Elle ne veut rien entendre et prétend qu’elle n’a jamais dit ça - Gloups ! Pendant ce temps, notre ami à poil refait un passage sur les murs afin de bien marquer son territoire.
Réponse grimaçante : « Mais enfin, c’est normal, c’est un animal ! ». Je sens alors le fusible sauter dans ma tête et je hurle : |
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Hors de moi, je lui rappelle que nous avons payé pour un logement fonctionnel alors que nous n’avons toujours ni douche, ni gazinière, ni frigo. Refusant cette fois de discuter plus avant avec cette paranoïaque, nous lui rappelons aussi qu’elle nous a signé un contrat, que donc nous resterons jusqu’à trouver autre chose. Mais pour moi, c’est la goutte qui fait déborder le vase déjà trop plein. Il nous faut au plus vite partir d’ici, quelque soit le prix et le lieu. Si nous restons plus longtemps, au mieux nous retrouvons un jour nos affaires sur le trottoir (si elles y restent assez longtemps pour que nous les retrouvions, car Viña « ça craint ! »), au pire ça se terminera par un drame. Car je vais finir par tuer cette bonne femme.
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Jeudi 26 décembre |
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Nous sommes réveillés aux aurores pas Señora Marta qui "déboule" - toujours sans frapper - dans l’appartement. Elle est suivie pas 2 artisans. Ceux-ci viennent brancher le gaz. Nous ne lui adressons pas la parole et nous installons pour déjeuner. Elle part et laisse les artisans travailler. Nous nous excusons alors auprès de ces jeunes messieurs pour notre accueil glacial, leur exposant brièvement la situation. |
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Après ce qu’il s’est passé la veille, il ne nous en faut pas davantage. Nous prenons ce qu’il reste de nos affaires ainsi que tous les achats alimentaires, déposons tout chez Candice dont nous avons heureusement les clés, et partons en quête d’un logement quel qu’il soit. A peine sommes-nous dehors, le fait de savoir que nous ne verrons plus cette folle nous apporte un réconfort immédiat. Nous sommes euphoriques. |
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En allant à la plage la veille, nous avions relevé un numéro de téléphone pour des locations de chambres sur les hauteurs de la ville. Nous téléphonons, près à prendre n’importe quoi, n’importe où. En montant la côte vers l’adresse indiquée, nous passons devant une résidence pour étudiants qui semble ouverte. A tout hasard nous rentrons. En été, cette résidence est en effet ouverte aux touristes. |
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Eureka, nous sommes sauvés ! |
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La chambre est sans prétention mais très agréable et ensoleillée. Nous disposons d’une salle de bain commune mais que nous occuperons seuls jusqu’à l’arrivée massive des touristes, soit mi janvier, et nous pouvons utiliser la cuisine. Lidia, la propriétaire, est à l’opposé de la folle que nous venons enfin de quitter. Elle nous accueille avec une immense gentillesse, nous propose spontanément le prix étudiant pour les 2 mois, et nous dit que notre fille est la bienvenue, elle peut partager nos repas et même rester dormir dans la chambre voisine, toujours au tarif étudiant, quand elle le souhaite. Certes nous sommes plus loin de l’appartement de Candice, mais elle pourra malgré tout venir chaque soir dîner avec nous. |
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Notre bonheur n’a d’égal que le calvaire que nous venons de vivre pendant ces 4 jours. Rémy ne veut même pas attendre pour transporter tous nos bagages entassés chez notre fille. |
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Deux fous dans les rues de Viña ! |
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La côte depuis le centre ville jusqu’à l’hôtel Bastos est assez raide. Après le branle-bas de combat auquel nous nous sommes livrés hier dans ce taudis, je suis épuisée. Mais Rémy ne veut rien entendre. Ça fait 4 jours qu’on attend ça. |
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Nous repartons donc chez Candice, prenons énergiquement les 4 sacs contenant nos vêtements et duvets, y entassons toutes les bouteilles de vin, champagne ou apéritifs, pleines ou entamées, achetées pour ces fêtes, casons l’alimentation dans ce qu’il reste de place dans les sacs à dos et complétons par des sacs plastiques. Ce qui nous fait 4 énormes sacs, 2 sacs à dos bien lestés, Je prends la sacoche de l’ordinateur, un sac à dos et des sacs plastiques. Rémy prend tout le reste. Il descend le long escalier de chez Candice au pas de charge et court presque dans les rues de Viña. Je ahane derrière lui. Il est 16 heures. Il fait 35 degrés. Dans la côte, je n’en peux plus. Mon dos me fait mal et mes genoux déjà bien malades vont lâcher. S’arrêtant à peine, Rémy s’empare alors de la sacoche du PC, passe la tête dans la lanière, puis prend tous les sacs avec l’alimentation, ne me laissant que le sac à dos. Et il poursuit son ascension, toujours au même rythme...
Je suis en état de décomposition avancée. Mais nous sommes heureux…enfin ! Nous envoyons immédiatement un message à notre fille : On a trouvé et on est déjà installés !!!
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La paix…enfin ! |
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Visite de notre nouveau logement |
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Lorsque Lidia reçoit sa famille, nous désertons le quincho pour les laisser eux aussi "entre eux". Mais Lidia ayant vite remarqué notre goût pour "la bonne bouffe", elle nous fait souvent profiter de quelques-unes de ses spécialités. |
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Hic…à la vôtre ! |
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Parmi les nombreuses et fréquentes visites, nous ferons la connaissance de Yeni, fille de Lidia, avec laquelle nous boirons souvent le café dans le quincho et qui nous apprendra beaucoup de choses sur le Chili et les Chiliens (un peu "macho" parfois les Chiliens !!!). |
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Milenka et son frère Joaquim, passant une grand partie de ces vacances avec leur tante Lidia, viendront souvent dans le quincho nous émouvoir de leur spontanéité et nous faire rire de leurs pitreries. Lorsque les parents de Milenka et Joaquim viendront pour le week-end, nous et 2 jeunes-gens très sympathiques occupant également une chambre serons conviés à partager l’asado, et nous passerons un excellent moment avec cette famille généreuse, chaleureuse et pleine d’humour. |
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Dommage qu'ils n'aient pas été là pour la soirée du Nouvel An ! |
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