Le vendredi 20 décembre de bon matin, nous quittons Juan Lacaze, en Uruguay, pour  Viña del Mar, au Chili, près de la légendaire Valparaíso.

Nous allons rejoindre notre fille qui s’y trouve depuis près d’un mois et a commencé son stage, à Concón non loin de Viña del Mar.

Candice attend impatiemment l’arrivée de ses parents bien-aimés avec lesquels elle compte bien passer l’été, mais aussi les fêtes de fin d’année et surtout fêter ses 22 ans.

Quant à nous, nous avons tout aussi hâte de la retrouver après exactement 10 mois de séparation.


Départ

Il est 5 heures du matin lorsque nous laissons Vent de Folie à la bouée, dans l’avant port de Puerto Sauce (port de Juan Lacaze), bien amarré nous l’espérons pour tenir lors des nombreux Pamperos à venir.

 

Chargés d’une partie de nos bagages - les autres, pour plus de facilité, ayant passé la nuit dans l’agence des bus de Juan Lacaze - nous descendons dans l’immense barque du port pour rallier la terre (à savoir que l’annexe ne pouvant rester le long du quai pendant tout ce temps, elle nous attendra solidement amarrée sur le pont du voilier).


Nouvelle preuve de la gentillesse des Uruguayens

Arrivés aux abords du quai, très haut ce matin là, l’eau ayant nettement baissé durant la nuit, un monsieur nous attend.
Nous n’avons rencontré Javier que 2 fois, très brièvement, au bar du club. Pourtant, ayant eu connaissance de notre départ, il s’est levé aux aurores pour nous aider à gravir (le mot est faible !) le quai et nous emmener en voiture jusqu’à l’arrêt d’autobus, au centre ville.

Je rappelle qu’il est alors 5 heures du matin.
Nous sommes déconcertés par tant d’attention et de gentillesse.


En route pour un voyage compliqué, digne des Vent de Folie
.

Itinéraire prévu :  

Juan Lacaze (Uruguay)/Montevideo (avec changement de bus en pleine campagne à un croisement d’où partent diverses correspondances) – Montevideo/Mendosa (Argentine) – Mendosa/Santiago (Chili) – Santiago/ Viña del Mar.

Arrivée prévue à Santiago dimanche (soient 2 jours plus tard) entre 15 et 16 heures (selon temps passé à la frontière), heure à laquelle nous prendrons un énième bus (non réservé celui-là mais les départs sont fréquents) pour Viña del Mar.

Ce qui debrait nous faire :

5 autobus différents et à peu près 50 (dans les faits, ce sera 52) heures de voyage dont 5 heures d’attente des correspondances et 1 heure estimée (mais largement sous-estimée) au poste frontière chilien.

Et l’avion nous direz-vous ?

Tout d’abord, les bus argentins sont bien plus confortables que l’avion. De plus, malgré la fatigue que va probablement engendrer ce long voyage en bus, nous n’avons eu aucune envie de réitérer l’expérience de l’année passée avec Lan Chile.

Mais peut-être allons-nous le regretter…

Vers 18 heures tout au plus le dimanche 22 décembre, nous devrions retrouver enfin notre fille adorée après cette trop longue séparation.

Nous aurons alors à peine 2 jours pour nous remettre de ce long voyage et préparer le repas de Noël.

Ça va faire juste, mais ça devrait aller…

Si… et seulement...

...si on ne tient pas compte des péripéties et de la poisse toujours inhérentes au voyage des Vent de Folie !

Le voyage


J’essaie de "vous la faire brève". Mais ça ne va pas être évident !


Après avoir pris 2 autobus - déjà ! - pour aller de Juan Lacaze à Montevideo, nous montons dans un troisième, cette fois pour Mendosa (Argentine).

10 heures – le bus pour Mendosa démarre.

Durée prévue entre Montevideo et Mendosa : 24 heures.

Nous revenons sur nos pas et passons non loin de Juan Lacaze (il en est ainsi, hélas !).

2 heures plus tard, nous approchons de Mercedes qui se trouve être sur la route Montevideo/Mendosa.

Petit coucou en passant à cette jolie ville où nous aurons passé une grande part de cette dernière décennie.

Petit coucou deviendra grand…

Alors qu’aucune limitation ne l’y oblige, le bus roule de plus en plus lentement. Puis il ralentit…ralentit… ralentit encore… STOP !

Tout le monde descend sur le bas côté. Nous attendons patiemment que les chauffeurs réparent.

Il est midi. Il fait un soleil de plomb. Pas un arbre à l’horizon.

Nous repartons… 2 heures plus tard.

C’est fichu pour notre correspondance Mendosa-Santiago demain matin !

Heureusement, le bus pour Mendosa est confortable et un espace est même prévu en bas pour se détendre.

Mais si j’apprécie d’y passer la plus grande partie du voyage, ce n’est guère le cas de mon cher et tendre.

Car nous sommes morts de faim.

Une collation a bien été servie pour le déjeuner, mais d'une telle frugalité que 5 minutes plus tard, nous avons toujours aussi faim.

Un arrêt était prévu pour le dîner. Sachant cela et sachant aussi que tout aliment est interdit lors du passage de la frontière chilienne, nous n’avons rien emporté.

Or il est 23 heures et nous roulons toujours.

L’an passé, j’ai craint pour les hôtesses de Lan Chile. Cette fois, j’ai peur pour les sièges.

Non chéri, le skaï c’est indigeste !!!

Si je vous dis que moi même j’ai eu très faim, vous pouvez imaginer l’état de mon cher et tendre.

Quoique "tendre" en l’occurrence ne fut plus du tout adéquat

Vous ne me croyez pas ?

Regardez bien la tête de mon cher mari sur la photo !!!

Il est plus de minuit lorsque nous nous arrêtons enfin dans une cafétéria.
L’amabilité n’est pas comprise dans le service, mais on s’en fiche.
Au stade où nous en sommes, l’important c’est de manger.

Mendosa - 9 heures 30 le lendemain matin. 


Incroyable mais vrai : malgré notre retard, le bus est toujours là.

Finalement, nous avons plutôt du bol !

Avant d’embarquer, nous achetons de quoi manger - On ne nous la fait pas 2 fois ! 

Puis nous montons dans le bus pour Santiago.

Nous attendons… Mais le chauffeur ne démarre pas.
En fait, ils attendant que le bus soit plein.
Gloups !

Il est 10 heures 35 lorsque nous partons enfin.

Avec les sandwiches achetés au Terminal des bus, nous avons de quoi tenir un siège. Le repas - infecte - pris la nuit à la cafétéria est largement digéré. Nos estomacs crient de nouveau famine. Nous comptons bien dévorer nos sandwiches sans attendre l’heure du déjeuner.

…Beurk… mais c’est dégueu !!!
Je regrette n’avoir pas pris la photo tant il est difficile d’y croire. Et pourtant !

Insérées entre 4 tranches de pain de mie,  rien d’autre qu’une dizaine de feuilles de salades, vertes et dures à souhait.
Nous essayons d’en avaler un peu…mais à moins de devenir herbivore, c’est impossible !

Nous sommes fatigués. Nous avons mal au dos. Et nous resterons avec la faim au ventre.

Quand ce voyage va-t-il se terminer ?!!!

3 heures plus tard : passage de la frontière argentine, puis chilienne.

Comme toujours avec la douane chilienne : fouille générale des bagages. Les douaniers chiliens sont très courtois. Mais ils sont aussi hyper consciencieux et prennent leur temps.

Tous les sacs sont sortis de l’autobus, tous passent au scanner et une grande partie passe en plus dans les mains des douaniers.

Des fois qu’on aurait planqué un petit bout de fromage ou de saucisson (!).

Nous pourrions en rire. Pourtant, ce jour là, nous n’avons pas ri.

Y a t-il un médecin dans la salle ?

Dans l’un de nos sacs, normalement utilisé pour faire nos courses, s’est camouflée une vieille mandarine flétrie et rabougrie qui a bien failli nous coûter très cher.

Merci à l’indulgence du douanier qui a fouillé mon sac – Ouf !
Et merci à mon pauvre cœur d’avoir tenu le choc !!!

L’inspection de tous les bagages de chaque passager se poursuit…

N’oublions pas que nous sommes à la veille de Noël. Il y a donc un monde fou.

Durée totale au poste de frontière : 3 heures

La frontière à peine passée…Travaux sur la chaussée.
Durée d’attente… 1 heure 30 de plus.

Et impossible de sortir. Nous restons enfermés dans l’autobus pendant que nos chauffeurs discutent « la clope au bec » sur le bas côté - Vive la compassion de nos chauffeurs argentins !

Nous n’arriverons jamais à Viña avant Noël !

Et impossible de joindre notre fille. Elle qui déjà craignait que nous ne puissions quitter Juan Lacaze avant la fin du mois... nous imaginons son état.

Réconfort

Après Mendosa, la route vers le Chili traverse les Andes et le paysage est sublime.

    

Nous arrivons à Santiago ce dimanche 22 décembre - Il est 19 h 30.

Nous sommes MORTS !!!

Pourtant, le voyage n’est pas tout à fait terminé. Nous devons encore prendre un autobus pour Viña del Mar - 120 km au nord-ouest de Santiago - puis un taxi au Terminal de Viña del Mar afin de nous rendre à l’adresse de notre fille.

Et Hop ! 2 heures de plus dans les reins.

Lorsque nous frappons à la porte de notre fille, il est 21 heures 30.

Nous sommes fourbus, sales et affamés.

Mais nous sommes tellement heureux de retrouver
notre rayon de soleil.

Ce voyage pénible est terminé, mais nos ennuis ne font que commencer.

Ce que nous venons de vivre ne sera qu’anecdotique comparé à la semaine qui nous attend. Et cette fois, je risque de ne pouvoir "faire court", ces quelques jours en enfer ayant été abominablement longs et pénibles pour nous trois . . .


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