Traversée de l'Atlantique

 

11 décembre 2008

Après 26 jours de traversée de l'Atlantique, nous sommes enfin arrivés au Brésil et allons pouvoir découvrir la Baie de Salvador, l’île d’Itaparica et, si nous en avons le temps, remonter le Rio Paraguaçu.

Mais auparavant, nous allons nous reposer. Nous en avons grand besoin.

Si vous avez lu patiemment et intégralement le journal de bord de notre traversée, vous l’aurez probablement trouvé un peu long, trop long même.

Si tel est le cas, tant mieux !
Car nous aussi, nous avons trouvé cette transat bien trop longue !!!

Pour résumer cette traversée, disons – en français bien de chez nous – qu’il y a eu
"des jours avec et des jours sans".

Mais il est certain qu’aucun d’entre nous n’ait envie de renouveler cette expérience.

Que ceux donc qui avaient émis le désir de nous accompagner - N’est-ce pas Gil ou encore Romain ! - ne soient pas déçus.

Ils n’ont rien manqué.

Si ce n’est peut-être une rasade de champagne, quelques bons fous-rires ou encore entendre râler les deux femmes de notre joyeux équipage.

Mais si nous avions su, nous leur aurions laissé notre place avec plaisir !

Important toutefois :
Pour les nombreuses lectrices du site se préparant pour cette nouvelle vie et m’ayant contactée me confiant leur crainte de la mer, je tiens à préciser que cette traversée ne présente à priori aucun danger.
Je dirai juste, pour être on ne peut plus claire, qu’elle est « chiante ».

Maintenant, et avant d’aller dormir pendant les 48 heures à venir (!),
je vous propose un petit bilan.

Bilan et avis de l’équipage.

Date et heure de départ de Casamance :   Samedi 15 septembre – 13 heures TU
Date et heure d’arrivée à Itaparica :   Mercredi 10 décembre – 22 heures 30 TU
Durée totale :    25 jours et 9 heures 30

Total des milles parcourus :    2121
Vitesse moyenne :   3,5 nœuds

Jours sans vent (pétole) :    10 jours au départ et 3 jours après l’équateur
Jours avec vent arrière ou portant (idéal):   Aucun
Jours avec vent de face (au près - le pire) :    Tout le temps
Jours avec houle de travers :    Tout le temps


Rencontres :

- Voiliers : Néant
- OFNI (Objet Flottants Non Identifié) : 2 ...très vite identifiés !
- Cargos : Quelques uns dont 1 sympa. !


Pêche :
1 thon (très apprécié) et 1 bonite

A ce propos, nous proposons un petit sondage :

Vous préférez « Dorade » avec un « O » ou avec « AU » ?

Notre ami Luis a planché sur le sujet durant ces 25 jours sans résoudre le problème.

Et ça commence à chauffer.  

Aussi vous supplions-nous d’abréger le supplice de ce pauvre homme !!!!

En ce qui nous concerne, nous la préférons avec du citron…comme Boby Lapointe !!!


Perte – Casse :

- 2 Rapalas
- 1 GPS portable (il nous a lâché quelques jours après notre départ – Durée de vie : 2 ans. Vive l’électronique de nos jours !)
- 1 filière
- 2 écoutes
- 1 trinquette à l’agonie – à autopsier !
- 1 petite culotte (voir le passage "salle de bain -rodéo" qui lui fut fatale !)

Baignade : Néant.

Les premiers jours, nous aurions pu mais le cœur n’y était pas. Les derniers jours nous aurions voulu mais la mer n’était pas du tout avenante.

Nous avons aussi allégé considérablement les fonds de divers bocaux de rôti de porc, canard aux herbes (merci Mamie), axoa et autre daube et blanquette (merci Marmiton).

Prise de poids : Néant.

Ce malgré une cuisinière hors pair – Hum....n’est-on jamais mieux servis que par soi-même ?! – et quelques gourmandises . . .

Voilà, vous savez tout !

Ah non ! Une chose encore.

La barbe de notre Capitaine repousse…doucement mais surement.
Hélas ! Il ne parle plus de rasoir !!!

Opinion de l’équipage.

Il nous est impossible de dire que nous ayons aimé cette traversée.
Nous l’avons subie, du mieux que nous avons pu.

Mais elle sera une expérience de plus, une étape supplémentaire à notre voyage dont nous tirerons forcément quelques bienfaits.


Nous avons une sensation étrange. Celle d’avoir vécu hors du temps, hors du monde. D’avoir mis notre vie entre parenthèses.

Ces 25 jours en mer, seuls, tous les trois, nous a peut-être permis, aussi, de nous retrouver un peu plus que d’ordinaire. Ou un peu mieux. Et chacun de nous a été contraint de faire des efforts afin de ne pas rendre les choses plus désagréables encore.

 

Enfin, cette transat nous a donné l’occasion de réfléchir, nous confortant dans l’idée que la vie est essentielle.

Avant le départ pour une longue période en mer, loin, très loin de tout, une hypothèse est toujours présente à l’esprit :

Nous n’arriverons peut-être jamais nulle part.

La préparation du matériel de survie prend d’ailleurs une part plus importante que jamais.

En route, nous avons pensé à ces témoignages et à ces équipages amis ayant dû un jour tout abandonner suite à une grosse voie d’eau.
Nous avons alors, nous aussi, envisagé que cela pouvait nous arriver et qu’après avoir tout quitté en juillet 2005, nous pouvions dans un tel cas tout perdre.

Nous avons alors réalisé, et surtout fait réaliser à notre fille,
une fois de plus et plus intensément peut-être,
combien
la seule chose importante dans la vie… c’est la vie.
La sienne et celle de ceux que l’on aime !

Pour terminer, nous demanderons aux membres de l’équipage ce qu’ils ont pensé de cette traversée.

La parole est à Candice qui n’a eu qu’une envie : toucher la terre ferme et pouvoir de nouveau s’évader. Mais qui a poursuivi ses cours, dans toutes les conditions, avec une assiduité forçant notre admiration.

« J’ai envie d’aller à terre mais pas forcément rencontrer du monde. C’est bizarre d’ailleurs. Peut-être le fait d’être déconnectés. On n’a plus les mêmes besoins.

Ce que j’ai trouvé sympa, c’est les deux jours du champagne en mer – là, rires des parents - pas que pour le champagne, mais c’était sympa de le boire comme ça, dehors, ensemble, en regardant la mer. 

Par moments, j’ai compris aussi comment on pouvait avoir envie de jeter quelqu’un à l’eau – GLOOPS de maman sur laquelle est rivé son regard ! – quand on était mal toutes les deux, le matin, au réveil.
On a aussi le temps de penser. Et ça c’est bien. »

Merci, p’tit mousse !

Maintenant, donnons la parole à Rémy qui a gardé un moral d’acier durant toute la traversée et a su, chaque fois que nous avions le moral en baisse, nous faire rire et remettre tout le monde de bonne humeur.

- « A part les conditions météo, c’était bien…sympa !  »

-  Mais encore ?


- « En traversée, on ne subit pas les pressions extérieures. »

- Tu peux développer ?

Et là, je crois que Candice et moi sommes allées trop loin et nous avons craint une surchauffe !!!

- « Et bien… on vibre selon ses harmoniques, sans les discordances de la vie extérieure, le stress, les nécessités, les contingences matérielles. »

La suite ne fut qu’éclats de rire . . .

Merci Capitaine !

Quoiqu’il en soit, Candice et moi lui sommes très reconnaissantes et le lui avons dit quelques heures avant notre arrivée.
Candice ayant alors parfaitement résumé ce que nous avions ressenti toutes les deux :

« Papa, tu as été notre bouée de sauvetage. »

Quant à la parole du second…

Je pense l’avoir prise suffisamment pour l’instant... !!!

Remerciements

Nous tenons à remercier Jean, sur Timjack, rencontré très brièvement à Kachouane la veille de notre départ.
Jean a passé la matinée sur Vent de Folie afin de diagnostiquer la panne de notre BLU.
Grâce à lui, nous avons pu avoir un contact permanent à terre avec notre ami Luis, lui transmettre régulièrement notre position, rassurer nos familles, et savoir que nous n’étions pas seuls au monde.

Merci Jean !

Puis, nous tenons surtout à remercier notre très cher ami Luis.

Luis,

Tu as fait partie intégrante de notre équipage tout au long de cette traversée.
Tu nous as suivis. Tu nous a conseillés – Quoique ?... !!!

Tu nous a surtout beaucoup remonté le moral.
                                              Mission accomplie.
Tu peux désormais rechausser tes bottes de jardinier, enfiler ton string léopard pour faire rougir tes tomates, à moins que tu ne préfères aller sucrer les fraises.

Bref ! Tu peux de nouveau vaquer à tes occupations préférées.

Mais saches que tu ne peux imaginer à quel point ton humour et ton optimisme nous ont été précieux durant cette traversée.

Un gros bisou à toi ainsi qu’à Monica qui, nous en sommes certains, a suivi avec toi notre progression et a compati – elle au moins !!! – à notre douleur.

*

J’ai envie de clore ces pages sur cette citation qu’une amie (merci Annie) vient de nous envoyer par e-mail :

« L’univers est une espèce de livre dont on n’a lu que la première page, quand on n’a vu que son pays. »


Je dirais que, après cette traversée et arrivés « de l’autre côté »,
nous avons le sentiment d’ouvrir la seconde page de ce livre.

 

FIN


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