Dimanche 21 décembre 2008

"O pelourinho" est "le poteau" sur lequel étaient attachés les esclaves condamnés à être fouettés. 

Nous allons enfin découvrir le fameux « Pélô ».

Avant de se rendre dans ce quartier, il faut savoir qu’il est fortement déconseillé de s’écarter des endroits sécurisés
Nous, les touristes, n’avons droit qu’aux places piétonnes et au début de quelques rues transversales - Mais juste le début…et encore, s’il y a du monde !

Le reste :   Interdit ! Dangereux ! Ne pas  s’y aventurer !

De même, de nombreuses rues de Salvador sont à éviter. Particulièrement les rues menant aux favelas, véritables coupes gorges si l’on n’est pas accompagné d’un de leurs habitants.

D’autres ne craignent rien le jour…ou très peu (!?) – Mais la nuit, s’abstenir !

Toutes ces précautions à prendre ne nous incitent guère à souhaiter visiter cette ville.

Nous, nous aimons la tranquillité !

Mais des amis récemment arrivés au Brésil – ils se reconnaîtront ! – n’ont eu de cesse de nous parler du Pelourinho, ne tarissant pas d’éloges sur ce quartier et ses multiples animations nocturnes.

« C’est génial ! C’est la fête tous les soirs ! Il faut absolument y aller !  Candice va s’éclater ! »

Et de préciser :

« Mais non !  C’est pas dangereux du tout. Il y a des flics partout. Si vous prenez une rue « interdite », les gens vous préviennent qu’il ne faut pas y aller… »


Super !!!

Nous voici donc partis pour le « Pélô ».

Nous prenons le bus à Ribeira.

L’heure nous le permet encore.
Mais après 18 heures, taxi obligatoire, pour les mêmes raisons que précédemment (!).


Par malchance, nous loupons l’arrêt le plus proche de l’élévateur qui permet d’accéder à la ville haute où se situe le Pelourinho.

Notez que, lui aussi – l’élévateur – il ne faut plus le prendre après 18 heures. Le quartier devient alors dangereux.

Nous descendons au suivant et nous retrouvons le long d’une grande route quasi déserte. Seules des voitures passent à une vitesse faramineuse.
Les seuls piétons sont des sans logis, allongés sur des cartons, ravagés par le poison local : le crack.

Candice s’accroche à moi et marche le plus vite possible. Je tente de masquer mon angoisse.
Seul Rémy reste serein.

Funiculaire

À savoir :

Sur les conseils des guides et de toutes les personnes rencontrées (sauf une amie très chère à laquelle, nous l’espérons, il n’arrivera jamais rien), nous avons laissé à bord tout bijou quel qu’il soit, fantaisie pouvant passer pour précieux ou non – même les alliances !

Mais, courageux que nous sommes (?), nous avons emporté aujourd’hui notre petit appareil photos.
Ce sera la seule fois, je vous préviens !!!

(En bas, à gauche, la marina du Cenab - À droite, l'élavateur qui monte au Pelourinho)

Nous arrivons au Mercado Modelo qui fait face à la marina du Cenab.

Le Mercado Modelo abrite aujourd’hui un marché touristique. Du temps de l’esclavage, les esclaves étaient entassés dans le sous sol humide de cet édifice où ils attendaient d’être mis en vente aux enchères.

Ce marché est au pied de l’élévateur qui nous conduira dans la ville haute :

  Elevador Lacerda.

Cet élévateur, de style art-déco très bien restauré, possède 4 ascenseur et monte 72 mètres en 20 secondes.

En haut, à droite de l’élévateur, on peut voir le Palacio Rio Branco.

Ce Palacio abritait le gouverneur général du Brésil (1549) avant d’être détruit par un incendie et reconstruit en 1919.

Nous entrons dans le hall de l’élévateur.

Des policiers, par paires, tous les 5 mètres et armés jusqu’aux dents, semblent prêts à tirer sur tout ce qui bouge.

Par contre, dans la cage de l’ascenseur, il n’y a qu’un employé de la ville et les passagers.

Quand un malfrat y agresse les gens, il est certain de se faire prendre à la sortie. Pourquoi donc mettre un policier à l’intérieur… !?!

Nous sommes au Pelourhino.

La vue depuis le hall supérieur de l’élévateur est superbe.

     

Comme partout dans la ville, les collines derrière des immeubles cossus sont largement occupées par les favelas.

   

Et voici le fameux, le célèbre, l’incontournable Pelourinho !

Les rues étroites et pavées du Pelô bordent la plus ancienne architecture de la ville. Dans la plupart des édifices des 17ème  et 18ème siècles sont aujourd’hui installés des centres culturels et des écoles de musique, de danse ou de Capoeira.

Dès la sortie de l’élévateur, nous sommes sur La Praça Municipal et poursuivons vers la gauche sur une grande et belle place en forme de « L » : La Praça da Sé.
Nous aurions dû y voir des artistes de rue. Mais nous n’en verrons pas. Ni cette fois, ni les suivantes.

Par contre, comme nombre de gens, nous y flânerons et admirerons sa fontaine, moderne mais jolie, tout en dégustant une succulente glace vendue près du hall de l’élévateur, qui n’a absolument rien a envier aux délicieuses glaces italiennes.

Désolés, nous n’avons pas pensé à prendre une photo.
Nous avions les mains occupées et quelques peu dégoulinantes !!!

Plus loin, nous découvrons la 3ème place du Pelô : Terreiro de Jesus.

Cette place avec sa fontaine sculptée, ses églises et ses maisons aux multiples fenêtres dont les façades sont très bien entretenues a beaucoup de charme.

Notre glace est terminée, nous avons donc quelques photos !

Sur cette place charmante et vivante, plusieurs petites buvettes sont installées autour de la fontaine.

Pas de bol ! Quand on l’a remarquée, il faisait trop nuit pour une photo. !!!

Et puis, nous étions trop occupés à goûter la Caïpirosca (« caïpi » à la vodka).

Mmmm ! Encore meilleure que sa cousine !

Si vous souhaitez éviter les restaurants au rapport qualité-prix très moyen, des femmes font griller des brochettes de viande.
Eviter la grosse dondon raciste qui double systématiquement les prix pour les blancs.
Sur un même trottoir, plusieurs de ses collègues, adorables, vendent des brochettes de poulet, bœuf, saucisse pour 5 Reais maximum (2,60 euros).
Si vous souhaitez consommer sur place, pour le même prix, celle-ci sera découpée finement et servie avec des crudités, du riz, des petits haricots et la farine de manioc frite dont aucun Brésilien ne saurait se passer quelque soit le plat.

Le plus cher finalement, c’est l’eau (2,50 Reais la petite bouteille).

Mais on ne peut pas toujours boire de la caïpi !

Note : La cuisine brésilienne est riche – très riche ! - et variée.
Le meilleur moyen de goûter à tout pour un prix modique est de déjeuner dans un « restaurant au kilo ».
Tous les plats sont servis sous forme de buffet. On remplit l’assiette autant de fois qu’on le souhaite. A chaque passage, celle-ci est pesée (poids de l’assiette déduit). On règle en sortant.
Le prix du kilo varie entre 15 et 25 Reais (5 et 8 euros) selon les établissements.
L’autre avantage est la rapidité du service. Obtenir un plat dans tout restaurant demandant une patience à toute épreuve.


Les églises sont nombreuses dans toute ville du Brésil. Mais cette seule place en abrite quatre dont la Catedral Basilica, bel exemple d’architecture jésuite nous dit le guide.

Lors de notre première visite, nous n’avions pas encore lu le guide et n’avons pas vu la quatrième. Ensuite, pour nous balader l’esprit tranquille, nous n’avions pas l’appareil numérique.

En voici donc trois :


Catedral Basilica

Igreja São Pedro dos Clerigos

Eglise et Couvent São Francisco

Mon genou, toujours douloureux après une navigation - On ne rajeunit pas, tiens ! - ne me permettant pas de descendre des rues très pentues, nous attendrons notre deuxième séjour à Salvador (avant notre départ) pour descendre jusqu’à la "place en triangle" – Le Largo – que tout le monde nous conseille.

En effet, cette place est superbe. Les façades colorées des maisons sont pleines de charme et beaucoup de gens montent et descendent.

Qu’en est-il de la « super ambiance » du Pelô ?

Le Pelô, c’est bruyant – Nous sommes bien au Brésil !

Des fenêtres des habitations se font entendre des airs de musique locale.

Un peu plus loin, une grande estrade est installée. Un concert, gratuit comme souvent, semble se préparer.

Un petit groupe d’adolescents, déguisés en anges, interprète des chants de Noël.

Tout autour de cette place, des rues très escarpées descendent vers la ville basse en passant par les favelas.

C’est dans ces rues que sont installés la plupart des petits bars et restaurants du Pelô.

Sous les tables des clients déjà installés devant une bière, des canettes sont posées sur le sol. C’est ainsi que serveurs et clients évitent toute contestation au moment de la note.

Ces ruelles ont certes du charme. Mais nous ne sentons pas d’âme.
Trop touristique à notre goût.

En descendant un peu, la vue mérite quelques prises de vue.


Mais non… pas nous !
... Derrière...


Installés devant notre Caïpirosca ou déambulant dans ces ruelles, nous gardant bien de dépasser les limites très facilement repérables*, nous attendons que la nuit tombe et que la fête commence.


Plus on attend, plus on boit.

Le Pelô, c’est aussi dangereux pour ça !!!

* En effet, dans certaines de ces ruelles en pentes, après une centaine de mètres, des tas de bouteilles plastiques semblent barrer le passage.
Les habitants des favelas viennent récolter ces bouteilles auprès des bars pour les emporter dans d’énormes sacs vers leur favela.

Il y a bien un peu de musique, mais pas grand-chose.
Quant à la « fiesta » tant espérée, ce ne doit pas être le bon jour.

Seule une petite épicerie vendant de la bière met quelque animation dans l’une de ces petites rues.
Un groupe de musiciens joue des airs de samba. Des hommes, âgés pour la plupart, sont assis devant un verre, le long du mur tandis que quelques femmes dansent, une cannette à la main.
Nous passerons là un agréable moment, debout, nous remémorant les petites fêtes de nos villages basques très semblables.

Nous sommes dimanche. C’est probablement mieux en semaine.

Nous prenons le taxi, décidés à revenir demain.

*
À savoir :

Nous l’avions lu, mais n’imaginions pas l’effet que cela produit !

Notre chauffeur de taxi roule vite, comme tout Brésilien qui se respecte.
Et comparé aux chauffeurs de bus, ce n’est rien.
Mais là n’est pas le problème !

Le problème… c’est que, tout en surveillant les voies transversales, il se met à brûler tous les feux rouges.
Il ralentit, mais ne s’arrête pas. Et les suivants feront de même

Nous apprenons qu’au Brésil, la nuit, on ne s’arrête pas aux carrefours. La présence d’un feu n’y change rien.
Et cela est autorisé, voire conseillé.
Ceci pour éviter toute agression dès l’arrêt du véhicule.

Nos chauffeurs successifs nous signaleront d’ailleurs, chaque fois, les endroits :
« muito perigoso » (très dangereux)

Gloups !

Je ne veux pas savoir ce qu'il adviendrait si nous tombions en panne !

*

Nous passerons une autre soirée au Pelourinho, sans trouver, cette fois encore, la "super ambiance" tant attendue.

Outre un concert, le seul groupe que nous verrons sera un petit ensemble de percussionnistes que nous suivrons, avec nos amis Pierre et Tove, de la Catedral Basilica jusqu’à la Praça Municipal.

Sur la Praça Municipal, des gens entrent dans une enceinte bâchée gardée par des vigiles et dont la sélection se fait par le prix.
(30 Reais l’entrée, soient 10 euros. Quand on sait que le SMIC local est d’environ 450 Reais (150 euros) et que ceux ne percevant que la moitié peuvent s’estimer heureux, vous pouvez aisément imaginez la couleur de la majorité des clients qui entrent dans ce lieu.)

Il s’agit d’une boite de nuit en plein air et il parait que là, l’ambiance est sympa.

Certes !

Désolés chers amis qui nous avez tant vanté l’ambiance festive de cette place.
Si ce n’est un charme certain, nous, nous n’y trouvons rien d’extraordinaire.

Serions-nous difficiles ? Peut-être !

Peut-être aussi sommes-nous mal habitués !

En effet, plus tard, partageant nos opinions avec un ami - un espagnol et cela est important - nous ferons ce constat :

La fête dans les rues. Les petits bars animés où l’on peut passer une nuit entière sans jamais s’ennuyer, refaisant le monde un verre à la main avec des amis d’un soir.

Cette ambiance chaleureuse et festive, lorsque l’on vit dans le sud-ouest de la France, on la vit tout l’été, chaque week-end, dans n’importe quel ville ou village, côté français ou côté espagnol.

C’est cela que nous attendions du Pelô suite à la description de nos amis.

Or  - mais peut-être n’avons-nous pas eu de chance et sommes-nous " tombés" les mauvais jours - nous n’en retrouvons ici qu’un bien maigre échantillon.

C’est peut-être la raison pour laquelle le « Pelô » ne pourra nous laisser un souvenir impérissable.

Mais si nous revenons à Salvador, nous promettons de tenter à nouveau de découvrir ce quartier.

On ne sait jamais !

Toutefois, de retour de notre visite du Pelô, nous lisons sur notre petit guide que ce quartier, inscrit au Patrimoine mondial, est « le cœur touristique de la ville haute, mais aussi le centre touristique et celui de la vie nocturne ».
Notre guide précise : « ...largement restauré grâce aux fonds de l’Unesco, ce quartier a perdu une part de son caractère ainsi qu’une partie de son ancienne population invitée à loger ailleurs. »

C’est cette âme que nous avons cherchée et n’avons pas trouvée – Dommage !

 Quelques semaines plus tard . . .

Nous sommes de nouveau à la marina de Pier Salvador, prêts au départ.

Il parait que le meilleur soir au Pelô, c’est le mardi.

Qu’à cela ne tienne. Mardi nous allons au Pelô !


Mardi 27 janvier 2009.


Nous prenons le bus à Ribeira et descendons au Terminal de França – ça ne s’invente pas, surtout après ce qui va nous arriver - près du Mercado Modelo.

*

Anecdote : Comment monter au Pelô plus vite que son ombre, par la favela ?

Nous sommes au terminal. Il y a foule.

Sur le trottoir, Rémy range sa monnaie dans son porte-monnaie.

Pendant ce temps je remarque, appuyé contre l’abri bus, un jeune homme en tongs, vêtu d’un vieux short et d’un tee-shirt sales, comme l’on en croise hélas énormément dans cette ville.

Je n’ai pas le temps de mettre Rémy en garde. L’individu fait trois pas et, à la vitesse de l’éclair, arrache le porte-monnaie des mains de Rémy et s’enfuit.

Mon cher et tendre retrouve alors ses 20 ans et ses entraînements de rugby.

Il bondit et se met à courir. Il jette ses sandales qui le ralentissent, traverse l’avenue slalomant au milieu des bus.

Candice et moi restons sur le trottoir, pétrifiées.

Nous le voyons tomber au beau milieu de la chaussée. Nous craignons le pire.
Il se relève et reprend sa course. Des gens courent derrière lui.

Il disparaît de notre vue.

Je me mets à trembler. Les gens me réconfortent. Un marchand me propose un verre d’eau que je renverse tant je tremble.
Puis une dame me prend le bras et me parle. Candice traduit :

« Ils l’ont arrêté, il est là bas mais ne traversez pas, c’est dangereux ! »

Nous remercions ces gens adorables (comme tous dans ce pays où la pire malversation côtoie l’honnêteté et la plus grande gentillesse). Nous traversons prudemment et trouvons Rémy entouré de 4 ou 5 policiers à cheval.

Ces policiers postés au coin d’une rue ont appréhendé le voleur désormais menotté.
Le porte-monnaie, ramassé par un passant (qui s’est payé de quelques dizaines de Reais au passage) est rendu à Rémy.

Les policiers appèlent leurs collègues et nous devons aller témoigner au poste de police.

- « Mais nous allons au Pelô. Il va faire nuit, nous ne pourrons plus prendre l’élévateur ! »
- « Le commissariat est au Pelô. On vous emmène »

       Soit !

Nous montons dans la petite voiture de la policeet non à cheval, hélas !?!

Le jeune délinquant est « enfourné » dans le coffre séparé de la banquette arrière par une vitre.

Et c’est ainsi que, sirène hurlante et pied au plancher, nous montons les rues pavées, traversons la favela, priant pour qu’un forcené ne tire pas sur "les flics" comme ils aiment à le faire, et arrivons au Pelô.

Nous passerons une bonne partie de la soirée dans ces bureaux, assourdis par le bruit de la télévision, avant d’être enfin libres de profiter du Pelô une dernière fois.

Au Maroc pour des divergences administratives (cf. Meknès). Aux Canaries avec l’accident de notre fille ou les vols de vélos (cf. Las Palmas)…
Nous réalisons que, dans chaque pays traversé, nous visitons fourgons de police et commissariats.

Cela deviendrait-il une habitude ?... !

*

Un mardi au Pelô

En effet, un monde fou circule sur les places et dans les ruelles.

En plus, ce soir, il y a un spectacle son et lumières.

Pour le son, nous n’avons pas compris grand-chose. Mais pour les lumières, c’était magnifique.

Remontant depuis le Largo (la "place en triangle"), nous nous arrêtons devant un groupe de percussionnistes.
Devant un petit restaurant, une dame d’un certain âge, coiffée d’un joli chapeau blanc, chante langoureusement accompagnée par son compagnon à la guitare et par un batteur.

Tout à fait charmant !

Plus loin, en haut d’un immense escalier, encore la foule.
Nous montons.

Percussionnistes et saxophones sont installés sur une scène. Mais le bruit est tel que l’on ne peut apprécier le concert.

Nous déambulerons ainsi dans chaque ruelle, appréciant l’animation mais toujours en quête de cette ambiance que nous ne trouverons pas. 

*

Nous aurions aimé assister à une cérémonie de Candomblé.

Invités par un jeune inconnu, un soir, au Pelô, nous avons vite fui cette mascarade ayant pour seule fin de piéger les touristes.

Nous avons aussi loupé une cérémonie – vraie celle-là – à Itaparica.
Nous le regrettons.
 
Nous allons toutefois vous parler de ce culte qui tient une place importante dans la vie des brésiliens du nord du Brésil . . .


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