Arguant que « nos » hôtels sont complets ou chers, et ne tenant aucun compte de notre insistance, il nous balade pendant une heure dans les rues de cette grande ville, ne nous présentant que des établissements chers, sales et ou très loin du centre ville.
Après avoir écumé toutes « ses bonnes adresses », nous sommes excédés et décidons de descendre afin d’être libres de choisir l’hôtel qui nous conviendra. Ce au plus vite car il commence à se faire très tard.
Non content de nous avoir imposé ce parcours du combattant, cette "tête de mule" a le culot de nous demander un dépassement tarifaire pour le temps « perdu ».
La colère et la taille imposante de Rémy le dissuadant d’insister, nous nous débarrassons enfin de cette plaie et trouvons finalement une chambre dans l’établissement que nous lui avions indiqué dès le début, d’un très bon rapport qualité-prix, en plein centre ville.
Anecdote : La plaie !
Notre séjour à Arequipa commence par la joie des taxis péruviens.
Il est 21 heures. Nous avons hâte de trouver un hébergement pour la nuit. Nous suivons donc les conseils de notre guide qui indique plusieurs hôtels au centre ville.
Avec près de 870 000 habitants, Arequipa est la 2ème ville du Pérou. Mais, contrairement à Lima, elle garde une taille humaine et l’on s’y sent en relative sécurité.
Arequipa, nom donné par ses premiers habitants les Aymara, signifie « L’endroit derrière la montagne pointue ». Cette montagne, c’est le gigantesque volcan Misti.
N’ayant pas pour projet de séjourner dans cette ville, voici sans attendre notre sentiment sur Arequipa.
Encore une fois, notre avis diffèrent de celui de notre guide.
Nous n’avons pas trouvé dans cette ville la « grande partie de la ville construite en pierre de lave d’un blanc étincelant ».
Malgré, certes, le nettoyage quotidien des rues, nous n’avons vu que des murs noircis à l’extrême par la pollution des centaines de voitures qui circulent "à fond la caisse" dans les rues du centre ville où marcher sur les trottoirs très étroits constitue de jour comme de nuit un réel danger.
Nous avons vu par exemple un homme, titubant certes sous les effets de l’alcool, avoir le malheur de mettre un pied dans le caniveau. Il doit la vie à son compagnon qui l’a tiré rapidement vers lui.
D’autre part, traverser la rue, toujours dans le centre, relève du record. Les étals des boutiques sont presque vides. Et les tarifs pratiqués par les restaurateurs sont prohibitifs.
On éprouve aussi un certain malaise quand, au pied de ces belles façades coloniales, la misère se rappelle à nous par ces mères qui mendient, un bébé dans les bras, ou ces femmes proposant quelques articles sur les trottoirs, qui se cachent dès l’arrivée d’un « képi ».
Et s’il est vrai qu’Arequipa « est une ville à ne pas manquer », ce n’est à notre avis que pour la richesse de son héritage colonial.
En effet, avec des édifices comme les palais et hôtels particuliers de style colonial, ses églises et sa cathédrale, le centre ville inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco propose de nombreuses visites très intéressantes.
Parmi les nombreux édifices religieux et musées, nous choisirons le superbe Monastère Santa Catalina et le musée des sanctuaires Andins où nous serons émus par la célèbre momie Juanita.
Monastère Santa Catalina
Fondée par une riche veuve en 1579, 40 ans après l’arrivée des premiers Espagnols à Arequipa, ce couvent est unique au monde.
Le Monastère Sainte Catherine de Sienne est une ville dans la ville.
Nous y trouverons des cloîtres, mais aussi des rues et des places.
Au fil du temps et après chaque tremblement de terre, des parties ont été restaurées ou ajoutées.
Derrière ses hauts murs de forteresse, les bâtiments bleus ou ocres de ce monastère ont beaucoup de charme.
Les grandes familles espagnoles faisaient entrer avec fierté leurs héritières, accompagnées d’une grosse dot.
Ces jeunes filles entraient au couvent accompagnées de leurs 3 ou 4 servantes - nous pourrions dire esclaves - et pouvaient y organiser des réceptions.
Ainsi, certaines cellules, portant le nom de leurs anciennes propriétaires, comportent une cuisine particulière et une chambre pour la ou les servantes.
Ces privilèges des plus riches furent abolis en 1870 par le Pape qui imposa aux soeurs la vie communautaire et le dortoir pour toutes.
Cuisines communes aux murs
noircis par les fumées
Actuellement, le couvent abrite encore une trentaine de religieuses. Celles-ci se terrent dans une petite partie de l’édifice pendant les heures de visite.
Mais depuis la visite du Pape Jean-Paul II en 1985, elles peuvent désormais parler et sortir.
Coupole et nef centrale derrière la
place de la fontaine
Nous remercions notre guide (notons que tous les guides sont des femmes) pour cette longue et intéressante visite guidée en français.
La Princesse des glaces
En 1995, suite à l’éruption du volcan, la glace a fondu. Juanita est alors sortie de sa cavité naturelle et dévalé la pente du cratère.
Elle fut découverte 23 jours plus tard, en septembre, par un anthropologue américain, Johan Reinhard et son guide d’Arequipa alors en mission pour le projet « Santuarios de Altura el Sur Andino ».
Le bon état de conservation de la jeune fille permit aux américains de l’étudier avant de la ramener à Arequipa et de la faire connaître au monde entier.
Âgée de 12 ou 13 ans, la jeune fille fut offerte au Apu Ampato par les prêtres incas.
Elle voyagea accompagnée d’une cour constituée d’importantes personnalités de la région de Cuzco.
Elle fut reçue par l’Inca qui lui transmit sa divinité. Elle prit alors conscience de sa mort prochaine et du contact avec les dieux de la montagne Apu Ampato où elle serait offerte à l’issue du voyage.
Après de grands rites et festivités, Juanita a probablement été endormie avant de recevoir un coup fatal sur la tempe droite.
D’après les études faites sur la momie, la fille aurait été soumise au jeûne avant d’être sacrifiée.
Des analyses ADN ont révélé son état de santé, les maladies, les virus, les bactéries qui avaient pu l’atteindre, ainsi que le type d’aliments consommé à son époque.
Près de Juanita, on a retrouvé un petit sac de feuilles de coca ainsi que des offrandes (chicha, lamas en argent, figurines couvertes de tissus).
Les objets de 13 autres momies ont été retrouvés à ses côtés.
Juanita est la momie la mieux conservée de toutes celles découvertes
au sommet des montagnes.
Nos impressions
Même si nous savons combien cette momie peut faire avancer les recherches sur la civilisation inca, il nous est difficile d’accepter que ce corps ait été « enlevé » de son lieu de sépulture.
En même temps, que serait-il advenu de cette momie si elle n’avait été découverte assez tôt après la fonte des glaces ?
Nous souhaitons surtout que la demande de l’Université soit entendue et que Juanita soit respectée.
Quant à nous, l’émotion que nous ressentons devant ce petit corps d’enfant à peine altéré par les siècles passés et pour son courage pendant ce voyage vers une mort annoncée, est très forte.
De retour à l’hôtel, nous préparons pour la énième fois nos bagages.
Au programme de demain, une "virée" dans le canyon de Colca afin d’observer ces oiseaux majestueux, symbole des Andes : Les condors . . .
Au musée des sanctuaires andins, la présence de la momie Juanita et le film qui retrace son ultime voyage ont été des plus émouvants.
Juanita, la « Princesse des glaces », dormait depuis 550 ans en haut du volcan Ampato,
à 6380 mètres d’altitude.