Octobre – novembre 2012

 

Moral niveau zéro sur

 

En cette fin du mois d’octobre, nous subissons la 4ème crue de la saison.


Le Second craque
 



Crue = inondation = plus de compteur… donc de nouveau plus de courant pour faire fonctionner le matériel.

Notre fille arrive dans moins de 15 jours.

  • Nous allons donc être 3 à bord.
  • Malgré nos supplications pour qu’au minimum « notre » compteur (car nous sommes les seuls occupants du port) soit remis en fonction, l’hydrographie ne semble pas décidée.
  • Le bateau est un vrai dépotoir.
  • Nous n’avons toujours pas de cuisine.
  • La cabine de Candice, certes terminée, est pleine à craquer.
  • Et nous n’aurons pas un seul endroit où ranger ses affaires. Les nôtres étant on ne sait où, certaines sur l’un des 2 bateaux amarrés contre Vent de Folie, d’autres dans le garage de notre ami Marco, le reste envahit banquettes du carré, coursive, avant du bateau, bancs du cockpit, pont...
Bref ! Plus le moindre recoin disponible.
Nos affaires sur Tortuga :

Nos affaires « dans » Tortuga :

   

Le pont de Vent de Folie :

   

 

L’intérieur de Vent de Folie :

Et il nous faut vivre là dedans.

C’en est trop… je n’en peux plus !

Candice est en période d’examen. Elle nous appelle sur skype et nous dit, ravie :
« Vous savez que dans un peu plus de 15 jours, je suis là ! »

Alors que je devrais être heureuse de revoir ma fille après 10 mois d’absence, je suis affolée à l’idée de devoir vivre à 3 dans ces conditions.

La moindre erreur de mesure ou de coupe, la moindre réflexion de la part de Rémy…je m’effondre.

Rémy est désolé de me voir dans cet état. Il tente de me rassurer et trouve une solution : à défaut de faire les tiroirs de la cuisine (dont la coupe doit être très minutieuse donc faites avec la scie circulaire, puisque nous n’avons pas encore trouvé LA miraculeuse scie sauteuse capable de faire des coupes autrement qu’en biais !?), nous allons pouvoir faire les étagères de ce que nous continuerons (les habitudes ayant la vie longue) d’appeler les toilettes.

Le « coin toilette »

Nous avons tout "démonté-cassé-fracassé" (cf. page précédente). Les murs sont peints. Les dizaines de petits morceaux d’isolant ont été remis en place.

Le local est prêt.

 

Les matériaux pour faire les placards envahissent les coursives de Tortuga et de Vent de Folie.

Y- a plus qu’à !

Il fait 30 degrés à l’ombre – Ça va transpirer dans les maillots !

      
     

Les VdF en plein boulot sur le quai, ça fait toujours recette.

Par contre, pour le coup de main, vous pouvez repasser !!!

Les Uruguayens sont gentils mais le travail...ça les fait fuir !

Puis les étagères viennent encombrer la coursive.

Bientôt, nous ne pourrons plus passer de l’avant à l’arrière.

De mieux en mieux !

La plaque de Formica nous a été livrée et attend sur le pont avec les autres matériaux. Nous pouvons donc ensuite tout stratifier.

Allez, au boulot !

On coupe…

     On colle… 

Ces photos datent de l’an passé (transformation de l’atelier), mais le travail est le même.

Car figurez-vous que nous avons autre chose à faire que prendre sans cesse des photos pour vous distraire pendant vos soirées d’hiver…NOUS !!!

Maintenant, nous avons un problème.

Pour continuer, il nous manque encore et toujours le courant. Car une fois ce Formica collé sur une face, nous devons araser les bords à la défonceuse, puis coller l’autre face… puis de nouveau araser…ceci pour chaque étagère.

Sacré boulot ! Mais nous sommes devenus des Pros en la matière.

(Un grand merci en passant à notre ami Jacques qui nous avait donné de précieux conseils en la matière.
Et si cela peut intéresser certains, je coupe désormais le mélaminé aux ciseaux, plus délicat (quoique ?) mais bien moins risqué - pour la plaque et pour les mains - qu’un dérapage incontrôlé du cutter.)

Sans électricité, impossible de faire fonctionner cette défonceuse.
Quant au convertisseur : pas assez puissant.
Nous sommes donc de nouveau bloqués et ne pouvons terminer le travail.

Une bonne quinzaine d’étagères stratifiées attend sur Tucano, le catamaran de Marco.   

… 1 semaine plus tard, toujours pas de courant.

Marre ! A ce rythme nous n’y arriverons jamais !

Vendredi 2 novembre

Le Capitaine craque    



Plus que 10 jours avant l’arrivée du mousse.

Cette fois, c’est le Capitaine qui n’en peut plus.


C’est chose rare. Mais quand notre Capitaine "craque", la manière est très différente de la mienne.

Depuis près de 2 semaines, alors que le niveau de l’eau a baissé, nous sommes toujours sans électricité (les compteurs n’ayant pas été réinstallés).

Nous sommes donc sans réfrigération avec désormais 35 degrés à l’ombre et travaillons dans des conditions déplorables.

Rémy est fou de rage contre l’hydrographie et tous les Uruguayens pour leur flegme et leur insouciance - qui pour nous, il est vrai, resteront légendaires.

Il se défoule alors verbalement (ce qui en soit est un moindre mal !!!) sur le premier qui passe.

Souhaitant qu’il se calme, je traverse les ramblas et vais exposer notre problème au Syndicat d’initiative, installé face au port.

Je reviens avec une solution - Ouf !

Nous sommes autorisés à utiliser la prise de courant des douches pour poursuivre notre travail. Non seulement ce courant nous est offert avec grande amabilité, mais en plus, le responsable insiste pour que nous l’utilisions « autant que nous en aurons besoin ».

Tu vois Chéri, ils sont quand même super sympas les Uruguayens !

Mouais… grpghrghrrrr !!!

Les jours suivant, les passants nous verront traverser la route avec planches, Formica, défonceuse, rallonges électrique… et que sais-je encore…
Les Français ne passent pas inaperçus à Mercedes !

Nous sommes épuisés.

En 2 jours, sans la moindre trêve, mesurant, coupant, essayant, ajustant, avec un nombre incalculable de montées et descentes dans le bateau pour les essayages… nous n’en pouvons plus.
Les portes attendront. Mais nous venons de réaliser une bonne quinzaine d’étagères. Je peux enfin faire un peu de rangement.

  

Test de résistance :

Pressée de faire de la place et de ranger ce bazar qui me donne le tournis, chaque étagère à peine posée, j’y entasse tout ce qui traîne.

   Et bien je peux vous dire que c’est du solide !!!

 

Entre temps, afin d’apporter un peu de confort à notre vie de bohème, Rémy a installé évier et robinetterie sur un plan de travail provisoire en OSB.


Immense réconfort pour le Second !

15 novembre - soient deux jours plus tard - notre fille arrive (cf. page suivante). Malgré sa présence et une chaleur étouffante comme chaque été, nous reprendrons les travaux dans la cuisine.

Et comme notre photographe sera alors parmi nous, nous allons en profiter :

Confection des 2 immenses tiroirs coffres qui iront sous l’évier : 

Séchage de la résine sur Tortuga

Fixation sur les coulisses :

     

Les 2 parties de ces coulisses étant solidaires (puisque autobloquantes), il nous faut fixer les 2 parties allant sur le tiroir une fois la coulisse fixée sur la cloison.

Pour chaque coulisse… une belle prise de tête !

Pour les chants, nous avons décidé d’utiliser du profil aluminium, puisqu’à Mercedes, il y en a.

Nous utiliserons ce profil, en "L" ou en "U", de différentes largeurs selon besoin, quasiment partout : sur les tiroirs, autour des portes, des cloisons… partout où les chants du contreplaqué sont à protéger. Et je ne saurais que le conseiller.

Nous connaissons désormais toutes la tailles qui existent sur le marché !

Facile à poser. Pas fragile. Super pour l’entretien.
Et en plus ça fait Design !


Plus d’une fois nous nous ferons remarqués dans les rues de Mercedes avec nos profils de 6 mètres de long. Mais les gens ont désormais l’habitude.

Pour ce travail, seule la coupe des angles est délicate.

Mais après des kilomètres de profil aluminium, notre Capitaine fait cela à merveille.

   

D’un coté, ces 2 immenses tiroirs coffres.

De l’autre, un bloc de 5 petits tiroirs très profonds :   

Avec ça, je devrais pouvoir ranger ma vaisselle !

Opération tiroirs terminée.

Pour les portes et façades, nous verrons plus tard.

 

Je peux vous assurer que nous sommes désormais les « rois du tiroir » !

 

*

 

Rremerciements et anecdotes :

Je tiens tout d’abord à remercier du fond du coeur mon mari qui, me voyant craquer de la sorte, a travaillé, certes avec mon aide, mais néanmoins comme un forcené, sciant, rabotant, ponçant toute la journée, afin de me voir plus sereine.

Un geste que nous n’oublierons jamais
Un couple de retraités, habitants du quartier, passe souvent l’après-midi à l’ombre, sur un banc du quai, se distrayant des gens qui passent.
Nous les saluons toujours, mais sans les connaître vraiment.
Un matin, le moral en dessous de zéro, crevant de chaud et rêvant d’eau fraîche, je me permets de leur demander si je pouvais leur donner une bouteille d’eau à mettre dans leur réfrigérateur, bouteille que je viendrais chercher le lendemain matin.
Sans attendre, ils vont chez eux et reviennent avec tous les blocs de glace de leur freezer.
Les jours suivant et pendant tout le temps où nous sommes resterons sans courant, ils nous apportent chaque matin bouteille et packs de glace afin que nous puissions garder quelques aliments et boissons au frais dans une glacière.
Le dimanche, ils viennent aussi. Mais ne nous voyant pas sortir du bateau « ils n’ont pas osé nous déranger », nous disent-ils (!?!)

Nous tenons donc particulièrement à remercier Beatricia et Dardor pour ce geste si généreux et dénué de tout intérêt, et pour la sympathie et la sollicitude qu’ils nous témoignent depuis.

 

Et voici une petite anecdote qui illustre parfaitement cette léthargie typiquement uruguayenne qui énerve tant Rémy.

Anecdote d’Août 2013 : “Muy tranquilos los Uruguayos !”
Lorsque je note cette anecdote, nous sommes à Mercedes depuis plus de 2 ans.
Peu après notre arrivée, en avril 2011, suite à une canalisation souterraine probablement endommagée, de l’eau s’est mise à couler sur la route face au port, inondant la chaussée.
Sur le moment, rien n’a été fait. Les mois ont passé… une année… toujours rien.
L’eau sort doucement de terre et inonde toujours l'angle de la route.
En juillet dernier, les services de la voirie sont enfin intervenus. Voici ce qu’ils ont fait :

Jolie pancarte n’est-ce pas !
Quant à la fuite d’eau…aucune inquiétude…elle est toujours là, derrière la pancarte !?

Soit ! On leur pardonne.
Comment faire autrement, ils sont tellement sympathiques !

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre Kiwi !

Mi-novembre, la cabine arrière est enfin vide de tout encombrement.
Il reste un peu de place libre (quoique ?) dans le nouveau placard.

Il ne manque que notre fille . . .


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