Septembre – octobre 2012

 

Entre temps, le niveau du rio a baissé. Les compteurs électriques ont repris leur place sur le quai.

Nous pouvons reprendre les travaux dans la cuisine.

Chic Alors !

J’attendais ce moment avec tant d’impatience. Je suis excitée comme un enfant le jour de Noël.

Sauf que moi, mon Papa Noël...
...il est là toute l’année !!!

 

Depuis des mois, nous mesurons, calculons, dessinons des plans afin de faire entrer dans l’espace imparti :

- réfrigérateur (d’un volume correct sans exagération),
- place pour l’évier (évier et robinetterie ayant été achetés en Argentine voici bien longtemps),
- gazinière ("de maison" déjà repérée à Mercedes - et non un "four bateau", que nous n’avons plus depuis bien longtemps, dont le prix est inversement proportionnel à la rapidité de cuisson, et que nous ne trouverions pas ici de toute manière - Quant à notre petite gazinière achetée en Tunisie, elle a rendu de bons et loyaux services et va partir à la casse – je la regretterai !)

  Mais aussi et surtout, ce dont je me suis passée depuis près de 7 ans :

- des rangements pour la vaisselle dans la cuisine (et non dans les toilettes - gloups !?)
Et
- un plan de travail digne de ce nom (Terminé les préparations culinaires posées sur les marches de la descente, seul endroit où l’on pouvait poser un plat !)

7 ans comme ça. Je pense avoir fait preuve de patience.

Ne l’ai-je pas bien méritée « ma » cuisine ?

Comme nous l’avions déjà expliqué lors de l’aménagement du nouvel atelier (ancienne cabine arrière) – et tous ceux étant passés par là le savent : aménager un voilier n’est pas du tout aisé.
Contrairement à une maison, il n’y a pas de mur droit, aucune hauteur n’est la même, et surtout, les prises de niveaux sont « à s’arracher la tête » !

Ah... ce niveau ! Combien de fois l’aurions-nous avec joie jeté aux poissons !

Une vague par ci… un coup de vent par là… une cuve d’eau ou de carburant moins pleine que la veille… Cette fichue bulle n’est jamais au même endroit.

Nous n’y arriverons jamais ! Grrr !

Il faut aussi tenir compte d’une contrainte essentielle : rien ne doit pouvoir bouger en mer.
Vous l’aurez compris : un vrai casse-tête.
Et sur un voilier comme Vent de Folie, un Oxygène pour ceux qui l’auraient oublié, tout s’avère encore plus compliqué.
Ses passavants (passages de chaque côté du bateau) sont très larges.

Avantage indéniable en navigation pour passer de l’avant à l’arrière. Surtout pour un Capitaine aux grands pieds (!).

Mais cela devient très gênant lorsqu’il s’agit d’aménager l’intérieur, car la hauteur sous plafond au niveau de ces passavants se trouve très réduite sur une grande largeur.

Autre inconvénient de Vent de Folie : son ventre très proéminent.

Avantage encore, le carré est très large et en navigation (surtout pour moi !), point ou peu de gite. Mais pour l’aménager – c’est la plaie !

Comme nous souhaitons ne faire que des tiroirs afin d’accéder le plus loin possible vers la coque et cesser nos contorsions au fond d’un placard pour attraper une casserole, certains tiroirs feront plus de 80 cm de profondeur.

Il va nous falloir "assurer" au niveau des coulisses !

Mais cette fois, nous avons de la chance. Nous avons Caúlin, « LA » quincaillerie de Mercedes, où nous trouvons la plupart du temps notre bonheur (nous n’en rêvions pas tant lorsque nous sommes arrivés dans cette petite ville à 300 km de la 1ère grande ville, soit Montevideo, la capitale).

Chez Caúlin, nous avons trouvé, entre autres, des coulisses d’atelier, à ouverture complète et blocage à l’ouverture, pouvant supporter plus de 45 kg.

Les voici (installées sur l’une des cloisons)

Sur ce point, nous sommes donc sauvés !


Après une bonne trentaine de tentatives d’implantation de tous les éléments de la cuisine, avec tout ce que cela implique de migraines, je suis enfin parvenue à envisager notre nouvelle cuisine que je souhaiterais pratique mais aussi jolie.

Ben, oui, tant qu’à faire !!!

Mais les mesures des emplacements disponibles n’ont pu être qu’approximatives, puisque les anciens aménagements y étaient encore et que nous n’avons pas de plan du bateau.
Nous devons maintenant vérifier si ce plan "tient la route".

Le moment de vérité

A part quelques rectifications, nos mesures s’avèrent proches des longueurs, hauteurs et profondeurs réelles….

Ouf !… Sauf que …

Après démontage de la table à carte

 

Oooh !
L’énorme tuyau de remplissage de la cuve d’eau,
ainsi que celui de la prise d’air, passent à plus de 10 cm de la cloison,
juste là où nous voulions faire le frigo.

Après démontage de la cuisine

Oooh !
Une énorme vanne… là… en plein milieu… juste là
où nous avions prévu de mettre la gazinière.

Après démontage du coin toilette

 

Oooh !
Encore une vanne qui passe juste au milieu de notre futur placard.

Chaque fois, c’est reparti pour un tour : papier, crayon, règle, méninges en ébullition…

Il nous faut reprendre toutes les mesures… réfléchir à une autre implantation… entamer une autre boite de paracétamol.

Bien des migraines plus tard…

Impossible de faire le frigo ailleurs. Pas la place.

Et surtout, cela impliquerait de mettre l’évier sur la marche, avec une hauteur sous plafond très restreinte.

Je serais toujours pliée en 2.
Quant à mon Capitaine, il ne pourrait plus faire la vaisselle. Il ne s'en remettrait pas !?!


Or cette grande marche, autrefois sous la table à carte, fait plus de 10 cm de haut et nous ne pouvons la démonter - hélas ! - puisque dessous, il y a l'une de nos cuves à eau.

Ooooh ! Mais dis donc, tu trouves pas qu’elle a un air penché cette marche ?!!!

Nous savions, depuis que nous réfléchissons à une nouvelle implantation, que cette fichue marche allait nous enquiquiner sérieusement (et je suis polie !). Car située désormais dans la cuisine, nous craignons les chutes en navigation.

Mais nous devons "faire avec".

Après l'avoir mise à peu près horizontale, Rémy tente donc de minimiser au maximum la place prise par ces 2 tuyaux et… advienne que pourra !

Vous avez noté la caisse du chat sur cette marche ?

Notre petite pensionnaire était en effet encore avec nous pendant ces travaux. Sa litière a alors déménagé un nombre incalculable de fois. Mais rassurez-vous, rien ne l’a jamais perturbée. Bien au contraire !

Dur dur la vie de chat … Miaououou !!!

Tandis qu’Ushuaia vivait sa vie, nous avons revu nos plans ainsi que la forme du frigo en tenant compte de toutes les contraintes.

Nous pouvons commencer.

Premières étapes :

1) Revoir toute l’isolation.

2) Installer de longs tasseaux qui tiendront les meubles et nous permettront de garder un certain parallélisme.

2) Faire les planchers qui soutiendront cette cuisine, et donc aussi souder des cornières là où il n’y en avait pas.

Isolation

Tasseaux pour la structure :


Soudure des cornières pour les planchers
               
                   
       Hulk en pleine action !

Coupe et ponçage des nouveaux planchers

   Super les vacances !

Vu la dimension des plaques, nous travaillons évidement sur le quai, sous la vigilance de notre très cher Alberto, l’un des gardiens du port et pour lequel nous avons beaucoup d’affection.

  

Précision :

Le problème est que nous n’avons trouvé aucun revêtement possible pour les planchers. Nous devrons donc laisser en l’état les vieux comme les nouveaux, en attendant de nous arrêter dans un pays où le choix de matériaux sera un peu plus large.

Car ici, côté déco, c’est pas Top !

Pour faire simple et rapide, nous avions peut-être envisagé de poser un linoléum. Mais en Uruguay, le choix se restreint au lino imitation parquet jaune-marronasse qui existait chez nous voici 50 ans - Très peu pour nous !
En attendant mieux, nous nous contenterons donc de protéger nos planchers neufs par un simple placage en fibre, fragile mais peu coûteux. Quant aux anciens, un bon ponçage et revernissage, et ça ira pour le moment.

Etapes suivantes :

1) Préparer et installer 3 cloisons pour les meubles de la cuisine et poser les coulisses sur celles qui supporteront les blocs tiroirs.

2) Fabriquer un petit bloc-tiroirs

Selon les besoins, nous travaillons l’un sur Vent de Folie, l’autre sur Tortuga ou encore sur Tucano

(bateaux voisins, l’un français l’autre uruguayen, dont nous avons la garde, mais mis généreusement à notre disposition pas nos amis, je le rappelle pour ceux qui n’auraient pas lu les pages précédentes).


Préparation des cloisons et perçages des trous pour les coulisses sur Vent de Folie :


Peinture et stratification des tiroirs sur Tortuga :

      
     

Traçage des coulisses sur Tucano :
Chacun chez soi !!!
Quelques jours plus tard . . .

Cloison de droite terminée

Bloc tiroir terminé

Cloisons centrales terminées 
En bonus, une super idée du Capitaine :

 

un tiroir à légumes - baptisé « tiroir à patates » - sous les éléments de cuisine, mais surtout sur la coque. Idéal pour la conservation.

Depuis, plus une carotte ramolo et surtout plus une pomme de terre germée ou pire…pourrie.

Mmmm ! Rien de mieux pour une Ch’ti qui adooore les patates !

Petite astuce à se "refiler" entre navigateurs : pour conserver les carottes quelque soit le lieu : dans un sac plastique fermé mais lacéré de gros trous – ça marche !


Entre temps, nous recevions la gazinière.

Chic, nous allons pouvoir mijoter des petits plats pour nous requinquer après le boulot !

Mais seulement après que notre Homme-à-tout-faire y aura mis sa touche personnelle.

Changement de gicleurs, car les brûleurs sont si forts…que tout crame !

Nous changeons également les pieds afin qu’elle glisse le moins possible. Puis nous devrons installer un système de fixation afin de ne pas voir notre belle gazinière traverser le carré lors de navigations quelque peu mouvementées – nous y réfléchissons !

A savoir que les "fours-bateau" sont prévus pour être accrochés sur cardans afin de suivre les mouvements du bateau (la gite).
Mais notre Vent de Folie bien ventru ne gite que très peu.

Et dans le cas contraire, je vous assure que je ne serai pas dans la cuisine en train de mijoter des petits plats, mais dans le cockpit, invoquant tous les Saints et cassant les oreilles, les pieds (et le reste !) de mon cher et tendre afin que cela cesse !!!

Nous campons toujours, mais cela commence à ressembler à une cuisine !

Lorsque nous faisons ces cloisons, nous sommes début octobre.

Si vous avez eu la patience de lire les pages sur les inondations à Mercedes, vous savez que nous subissons la 3ème crue de la saison. Nous sommes donc de nouveau sans électricité.

Rémy a alors remis notre vieux convertisseur en fonction.

Pour le réfrigérateur, c’est râpé. Mais pour le matériel, ça va peut-être aller ?

Moteur allumé, afin de ne pas vider nos batteries, nous tentons de faire fonctionner la perceuse sur ce convertisseur. Mais après avoir flambé 3 fusibles, nous n’insistons pas.

Par chance, pour la scie sauteuse, ça marche. Nous nous en contenterons.

Sauf que… les averses sont incessantes.
Le temps de sortir cloisons et scie, il pleut.
A peine installés, nous devons tout rentrer.

M…. !

Nous décidons de scier à l’intérieur, sur la table du carré.

Ben oui, on fait comme on peut !   

Ces conditions de travail pour le moins particulières nous font rire…mais pas longtemps.

La sciure vole partout. Pas d’aspirateur puisque pas de courant.

C’est la débâcle !


Mais au moins, les cloisons sont coupées. Nous pouvons poursuivre . . .


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