(Octobre)

Dimanche 7 octobre

C’est reparti pour un tour !

 

3ème crue en à peine 1 mois et demi. Nous avons vraiment un printemps désastreux.

Nouveau petit voyage pour notre Capitaine qui ne s’en lasse pas…Grrr !?

Une amarre sur l’arrière…

... une autre sur l’avant.

Cette fois, la crue ne durera pas longtemps et l’eau montera beaucoup moins.

Mais, alors que nous pensions utiliser la scie circulaire, on nous enlève encore les compteurs.

C'est pas comme ça qu’on va avancer nos travaux !

Quant au ravitaillement, difficile de conserver les denrées sans réfrigérateur en ce mois d’octobre où il fait relativement chaud.

Et ce n’est pas terminé !

22 octobre - 4ème crue de la saison.


Mais ça ne va donc pas finir cette année !!!!!!

 

Cette fois, l’eau monte à une vitesse fulgurante. En quelques heures, l’eau recouvre tout.

Et des rafales de vent dignes des plus forts pamperos nous interdisent toute manœuvre.
Les amarres aux bouées sont toujours en place - on a fini par comprendre. Et tant pis pour l’accès au port ! - mais nous les renforçons, car le vent est vraiment fort, et nous tirons dessus au maximum afin de reculer Tortuga du quai.

Et puis… advienne que pourra !


Oups… mon vélo !

On a oublié mon vélo !!!

En effet, le vélo de Rémy est resté soigneusement cadenassé au porte-vélos du quai. Le mien étant garé à la Prefectura depuis la première crue.
1 heure plus tard…
Sur le quai, seuls les dessus des supports de compteur sont encore visibles.

Et le guidon disparaît peu à peu sous les eaux.

Rémy reverra-t-il son vélo lors de la décrue ? ...A suivre

De nombreux troncs d’arbre étaient jusqu’alors coincés contre le pont.

   

(photos médias Internet)

Ce pont désormais sous l’eau lui aussi, les troncs sont emportés par le courant et dérivent rapidement vers nous et sur le quai.

Rémy est donc quelque peu inquiet pour les bateaux, mais aussi pour son vélo.

Dans l’après-midi, l’amarre qui retenait l’arrière de Vent de Folie au poteau du quai s’est soulevée et flotte au gré du courant.
Nous la ramenons à bord et l’utilisons pour renforcer l’amarrage entre Tortuga et nous.

En soirée, ce sont celles de Tortuga (du même côté) qui partent.

Oups !

Désormais, nous ne sommes retenus au quai que par nos amarres avant. Mais heureusement, toujours retenus par les bouées.

Espérons juste qu’elles tiennent le coup - les amarres…et les bouées !? Car, depuis que nous avons vu Tucano dériver sur le Rio, traînant la bouée derrière lui, sachant comme ce catamaran est léger, nous n’avons pas du tout confiance.

En attendant, nous avons perdu assez de temps.
Avec ou sans courant, il nous faut absolument avancer nos travaux.

Le lendemain 23 octobre… et les jours suivants

L’eau a déjà envahi toute la place et les 2 rues le long du rio. Et ça continue de monter.

Le soir, l’eau a traversé la route qui longe le port et atteint les maisons de l’autre côté.

Elle amorce ensuite son ascension dans les rues perpendiculaires, celles qui montent vers le centre ville.

Les maisons du bord de route sont inondées.

L'eau s’engouffre même sur le plan incliné du bâtiment des douches.

Sur le quai, compteurs, bancs, et même les barrières le long du haut quai…tout a disparu !

Sur l’île, la paillote du restaurant est engloutie par les flots.

Quant à la cabane des gardiens… si ça continue, on va la voir flotter sur le rio Negro !

23 octobre :   

24 octobre - 11 heures :  

24 octobre – 19 heures :

Ces crues offriront toutefois quelques avantages.

Si n’était, pour nous, le problème du courant, et pour certains habitants, les maisons inondées, nous serions finalement ravis.

Alors que toute l’année, nous sommes contre un mur de pierre, si bas que nous ne voyons même pas le quai, ces jours-ci, nous avons l’impression d’être au mouillage.

Malgré quelques averses, le beau temps s’est installé.
Et surtout, la vue est magnifique.

Quant aux passants, fort aimables certes, mais dont les questions ne varient pas d’un iota : « Depuis combien de temps vous êtes ici ?... Et d’où vous venez ?... Han, vous venez de France…sur ce bateau ?! »

Après 2 ans, malgré la gentillesse de ces gens, nous avouons éprouver parfois quelque lassitude à répondre toujours la même chose.

Au moins, ces jours-ci, nous sommes certains d’avoir une paix royale !!!

Les jours passent…


27 octobre – 6ème jour de crue

L’eau ne baisse pas d’un centimètre. Mais dans le port, nos 3 bateaux tiennent bon.

Nous pouvons profiter sereinement d’un spectacle surréaliste et vraiment superbe

Notre visite aux sanitaires du port, en annexe, devient une balade des plus agréables.

Pour l’occasion, nous reprenons par contre notre bon vieux Zodiac "destroy" avec ses centaines de "recollages" au joint Sika. Nous prenons soin toutefois d’embarquer le gonfleur.
Car pour supporter 2 personnes, dont mon Capitaine préféré, notre bonne vieille annexe me semble beaucoup plus sûre que la petite annexe de nos amis.

Pas très envie de prendre un bain de fesses !

27 octobre – Ramblas, depuis les sanitaires :

    !?!  

(Interdiction de faire du feu au pied des arbres)

Profitons de cette petite balade et du fait que nous ayons emporté l’appareil photo, pour vous montrer notre petit marché hebdomadaire.

Sous prétexte d’y acheter légumes et fromage, nous grimpons chaque samedi les 5 ou 6 quadras qui séparent le port de cette feria.

Nous avons alors le plaisir de papoter avec les commerçants qui tous nous connaissent – chacun ces jours-ci nous demandant « ¿ Cómo anda con la creciente ? » (comment ça se passe avec la crue ?).

Nous y allons même lorsqu’il pleut.

Mais ces jours là, clients et commerçants sont rares. Car les Uruguayens détestent la pluie, voire même l’idée qu’il va pleuvoir.

A la moindre annonce de pluie, on ne parle que de la lluvia (la pluie). Dès les premières gouttes, plus un chat ni dehors, ni dans les magasins.
Les employés des despensas (petites épiceries de quartier) se font porter absents. Et même les bancs des écoles sont vides.

Aussi, avec les pluies diluviennes de ces derniers mois, les habitants de Mercedes ne sont pas à la fête.

 

Et au fait :

¿Cómo anda la creciente?
¡ Muy bien! ¡ Ningún cambio !
(très bien, aucun changement)

En effet, pendant plusieurs jours, l’eau ne montera plus, mais ne descendra pas non plus.

 

La décrue se faisant attendre, vivrons-nous encore longtemps cette situation avec sérénité ? . . .

“ Creciente ”…suite et fin...

Enfin !

Lundi 29 octobre

Doucement mais sûrement… le rio entame enfin sa décrue.

Rémy scrute alors régulièrement le quai, plus précisément l’arbre près duquel est (ou était ?!) son vélo (disparition subaquatique dont tout le monde parle à Mercedes - qui croirait qu’il y à 40 000 habitants !).

17 heures…le guidon émerge enfin.

   Mon vélo !

L’eau mettra encore plusieurs jours pour retrouver un niveau à peu près normal.

Quant à notre moral, il descendra de plus en plus vite. Car si nous profitons du charme de ce nouvel environnement, nos travaux, eux, n’avancent pas, puisque toujours pas d’électricité à bord.

Dans 15 jours, notre fille sera là.

Il n’y a pas un seul mètre carré libre sur le bateau.

Chacun notre tour, nous craquons ! (cf. pages suivantes)

 

Voici un printemps dont nous nous souviendrons !

Finalement, l’été avec ses Pamperos (à l’abri dans un port évidement), c’est de la roupie de sansonnet !!!

 

Avant d’en terminer avec ces crues, et puisque nous sommes dans les phénomènes climatiques de la région, parlons-en des Pamperos.

Voici des photos trouvées sur Internet qui vous donneront une idée de ce que l’on peut éprouver sur un voilier lorsqu’on se trouve au beau milieu d’un Pampero.
Le Pampero est le passage d'un front froid provenant de l’Antarctique. Cette masse d'air polaire provoque une violente tempête, le plus souvent accompagnée d’orage et d'une brusque descente de la température.
Le Pampero arrive du sud/sud-ouest, donc de la Pampa d'Amérique du Sud, d’où son nom.
Un Pampero ne dure jamais très longtemps, mais il est très soudain et très violent. Et lorsqu’il arrive sur l’océan, ayant pris de la puissance, il peut atteindre 60 à 70 nœuds (110 à 130 km/heure).

Pampero sur la plage de Punta Del Este, grande station balnéaire uruguayenne.

Ce vent provenant de la terre, le fait d’être sur un petit rio ne nous épargne pas et nous en subissons fréquemment les effets, durant l’été, à Mercedes.

Comme les tornades au Sénégal (aux effets très similaires), nous les sentons désormais venir. C’est alors le branle-bas de combat pour tout attacher sur le pont et vérifier les amarres.

Mais ce vent est si soudain qu’il nous arrive encore de terminer trempés comme des soupes, le visage fouetté par la pluie.

Mais qu’importe !

Pour nous, l’important est que nous ne revivions plus jamais « ça » en mer. Notre arrivée à La Paloma (cf. Uruguay en avril 2009) restant, et pour longtemps j’espère, l’un de nos pires moments de navigation.


Nous sommes bientôt mi-novembre.

Nous pouvons reprendre une vie normale et tenter d’avancer au plus vite nos travaux si nous ne voulons pas terminer nos jours ici.
D’autant que, le pays subissant des crues environ tous les 2 ans, nous ferions bien de partir avant 2014.

En attendant, durant et malgré ces inondations, nous n’avons pas flanché . . .

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