Comme chaque fois, nous procéderons la veille aux formalités et larguerons les amarres pour Gualeguaychu.
La routine !
Mais cette fois, nous souhaitons profiter de cet aller-retour pour décompresser un peu. Très curieusement (?!) nous sommes fatigués.
Nous sommes en hiver, mais la semaine a été printanière.
Et les prévisions restent très bonnes pour celle à venir.
Lorsque nous aurons montré l’étrave et fait les formalités au poste de la Prefectura de Gualeguaychu, nous envisageons donc un retour tranquille, avec 1 nuit ou 2 à l’ancre dans quelque coin abrité sur le Rio Negro, histoire de voir autre chose que notre « muelle » (mur ou quai) en pierre qui commence sérieusement à "nous sortir par les yeux".
La dernière entrée de en Uruguay datera bientôt de 9 mois.
Avant le 8 août prochain, il devra sortir du territoire.
Le reste finit devant le port, à l’endroit prévu à cet effet, et fera le bonheur des passants qui trouveront là de quoi attiser de nombreuses parillas (barbecues).
Nous terminons la semaine crevés, courbaturés, gémissant chacun notre tour au moindre mouvement
Mardi 24 juillet – 3 jours avant le départ
Oups... Y'a comme un truc qui cloche !
Nous récupérons enfin notre génois confié, voici des mois, à Cecilia afin de refaire la bande de protection contre les UV.
Des voiliers (fabricants et réparateurs de voiles) à Mercedes, il n’y en a point.
Mais Cecilia est une excellente couturière. Ayant travaillé pour une sellerie, elle dispose aussi d’une grosse machine à coudre et sait où se procurer du fil résistant aux UV, indispensable pour la voilerie.
Ayant déjà éprouvé son talent en lui faisant réparer quelques sacs de voyage (qui en voient de toutes les couleurs avec notre kiwi voyageur), nous lui avons demandé de coudre une bande anti-UV sur notre génois (grande voile d’avant) qui n’en avait toujours pas.
Je rappelle que notre ancien génois a explosé lors de nos 2 mémorables nuits sous Pampero (violente tempête), alors que nous faisions notre entrée en Uruguay (à La Paloma). Nous avions dû alors le remplacer par un nouveau, fort heureusement disponible à bord, mais sans protection contre le soleil – Il était grand temps que nous nous en occupions !
Voici des semaines que nous réclamons notre génois à Cecilia qui,
comme tout Uruguayen qui se respecte, ne termine jamais dans les délais promis.
Nous sommes à la veille du départ.
Cecilia s’active (enfin !), et coud sans relâche…
Le génois est terminé.
La petite histoire du génois
Nous sollicitons l’aide de notre ami Santiago qui va le chercher avec sa voiture et le dépose sur le quai.
Rémy et moi n’avons plus qu’à le descendre à bord et le hisser.
« N’avons plus qu'à », n’étant peut-être pas le meilleure manière de décrire l’opération.
L’eau est, comme le plus souvent, au plus bas niveau.
Vent de Folie est donc en bas du mur de pierre de 2 mètres de haut - Gloups !
Le génois est sur le pont. Nous le déroulons...
Pas une mince affaire non plus, vu l’état du pont malgré notre grand nettoyage
et sachant que notre génois fait 62 mètres carrés !
…puis nous nous apprêtons à le hisser.
Comme dirait notre mousse adoré : Rho là làaaa...
En effet, ça ne va pas du tout, du tout, du tout !!!
Nous sommes catastrophés !
Ne pouvant encore y croire (surtout vu le travail colossal et inutile que cela représente), nous remontons la voile sur le quai et la déplions entièrement.
Il n’y plus de doute. L’une des bandes est au mauvais endroit.
Au secours Cecilia !
Cecilia arrive en courant, inquiète de savoir quelle bêtise elle a faite.
Nous lui montrons l’énorme erreur, mais la rassurons immédiatement.
Car ce n’est pas la faute de Cécilia, mais bien celle de Rémy.
Pressé par le temps et surtout par l’impatience du chauffeur qui proposait d’amener ce génois chez Cecilia, après l’avoir rapidement descendu sur le pont du bateau, Rémy l’a monté sur le quai. Puis, encore plus rapidement car énervé de devoir faire ce travail avec un tel empressement, a marqué d’une croix au feutre le point d’intersection des 2 bandes à coudre.
Dans la précipitation, il a fait la croix... au mauvais endroit.
Gloups !
Résultat : Cecilia, notre adorable couturière – ah, si nous trouvions des artisans comme elle pour nous aider dans nos travaux, nous serions sauvés ! - doit tout découdre et refaire le même travail sur l’autre côté.
Cette fois, pas de voiture à disposition.
Notre génois part sur la petite remorque d’une mobylette, maculée de terre .
Nous y jetons rapidement un morceau de bâche. Et craignons le pire pour notre beau génois.
Mais comment en vouloir à ce motocycliste serviable et dévoué, que nous n’avions encore jamais rencontré, qui pourtant nous rend ce service gracieusement, le sourire en prime.
Et conclusion :
Même si Eole est du voyage, nous n’aurons pas le génois pour nous pousser jusqu’en Argentine.
Mais nous sommes surtout navrés pour Cecilia et le travail qu’engendre pour elle une simple erreur de croix.
Et dans la série : « Tranquillo ! Je suis Uruguayen, donc je prends mon temps ! »
Notre ami Marco n’a toujours pas fait remplir nos bidons de gasoil emportés d’autorité chez lui voici des mois… pour rendre service.
Grrr !
Décidément, ce départ se présente de plus en plus mal !
Comme pour tout départ, nous préparons aussi l’annexe…du moins, nous essayons.
Malgré des centaines de tentatives de réparation, notre vieux Zodiac « bubulle » allègrement sur le fond.
Pas du tout bon signe. Si elle tient quelques mois de plus, nous aurons de la chance !
Après une semaine laborieuse, nous sommes contents du résultat.
Depuis 1 an et demi,
jamais le pont n’avait été aussi bien rangé.
Nous sommes heureux de ce voyage imposé. Nous allons en profiter pour nous reposer un peu.
Retour prévu lundi après-midi, après une nuit à Gualeguaychu et une autre que nous espérons calme et sereine, au mouillage, dans quelque petit coin du rio Negro.
Heueu... j'ai dit sereine ?
Ce serait oublier que nous sommes sur !!!
Au moment du départ :
- Les batteries service ne chargent plus.
- L’eau coule inexorablement dans la cuvette des toilettes - quelque chose est probablement entré par l’extérieur et bloque la vanne. Rémy doit souffler dans le tuyau pour le repousser et faire cesser le flux.
- 4 heures plus tard, arrivés à Soriano, nous restons plantés sur un banc de sable et mettons plus de 3 quarts d'heure pour nous sortir de là.
Ah ! ce satané rio Négro, chaque fois il nous piège.
Finalement, nous devrions nous faire payer.
Car à chaque passage, aplani un banc de sable !!!
Il est près de 16 heures.
Nous avons eu assez de péripéties pour aujourd’hui.
En plus, il commence à faire plus que frisquet.
Nous jetons l’ancre dans un petit rio protégé, à la sortie de Soriano.
Nous sommes devant une petite plage.
Les vaches nous surveillent depuis la rive.
La soirée est très agréable. Nous commençons à décompresser.
Comme il y avait longtemps !
Que c’est bon !
Mais. . . Que ça ne va pas l’être longtemps !!!
5 heures du matin - Le vent se lève
tire sur sa chaîne et se retrouve poussé sur la rive.
Nous sortons précipitamment pour découvrir, contre le portique arrière, un arbre que nous baptiserons « l’arbre aux sorcières » tant il est horrible.
Et nous ne pouvons rien faire. Le vent est trop fort et la nuit trop noire.
Le lendemain
Malgré le mauvais temps, il nous faut partir.
Nous espérons surtout pouvoir nous « décoller » du fond facilement.
Imaginez "ça", frôlant les hublots du bateau...de nuit.
Brrr !!!
Ouf ! C’est bon.
Seul l’arrière était posé. Nous sortons sans problème.
Direction Gualeguaychu
Arrivés à l’entrée du rio Gualeguaychu, alors que nous apercevons la Prefectura, but de ce voyage, nous nous "plantons" au beau milieu du chenal.
M…. de M…. Encore !
Le vent est de plus en plus fort. Et comble de tout, le treuil de la dérive ne veut rien savoir.
Rémy reprend sa trousse à outil - pourtant rangée dans l’espoir de l’oublier le temps d’un week-end - et va refaire les contacts.
Saperlipopette !
Il réalise alors que, en connectant le treuil du guindeau (pour relever l’ancre), celui de la dérive se déconnecte.
En fait, ayant fait les branchements « à la va-vite », sans tests, juste pour partir,
le Cap’ s’est un peu mélangé les pinceaux… Heu… les câbles !
Nous sommes donc coincés sur le banc de sable et le vent nous fait fortement gîter.
Si près du but, nous sommes fous de rage.
Si nous restions bloqués là, quel bateau pourrait tirer nos 15 tonnes ? Aucun !
Nous rejoindrions probablement les quelques épaves ayant fait les frais de ces eaux si peu profondes et dont les fonds bougent sans cesse.
Et la Prefectura ne répond pas à la VHF.
Génial !
A force de faire pivoter le bateau, moteur à fond, nous parvenons à sortir.
Nous approchons du ponton de la Prefectura.
Personne en vue !
Pas d’autre choix que nous amarrer contre leur Zodiac.
Meilleure défense, il n’y a pas !
Nous sommes sur le rio Uruguay, toujours aussi sinistre avec ses eaux marronnasses et son ciel toujours gris.
Le vent souffle et lève une petite houle.
Et en plus, il fait froid.
Pauvre minette (toujours en pension) !
Pour elle qui déjà, n’aime pas du tout le moteur,
ce n'est pas un bon jour non plus !
Non, chéri,
tu ne vas pas leur piquer leur survie !!!!
Le lendemain – lundi
Nous attendons le chef de la Prefectura , parti en balade.
11 heures, les papiers sont enfin signés.
Nous larguons les amarres, sans oublier de remercier comme ils le méritent ces militaires de Gualeguaychu - Argentins, certes, mais probablement pas Porteños ! - qui nous reçoivent toujours si chaleureusement.
Le temps est gris.
Le rio Uruguay toujours aussi glauque.
Et toujours ce vent.
Nous sommes frigorifiés.
Le Capitaine grelotte, c’est vous dire !
Et si le Capitaine à froid… imaginez le second !
Quelques péripéties, histoire de se réchauffer ?
Sur , il n’y a qu’à demander !
Au beau milieu du Rio Uruguay (où normalement il y a de l'eau...mais pas partout !), Rémy décide de descendre entièrement la dérive afin de remettre en place le câble sur le treuil.
Note : lors de notre premier "plantage", ce câble est sorti de la poulie et s’est enroulé sur lui-même. Pour le remettre dans son axe, il faut descendre complètement la dérive afin de détendre ce câble et pouvoir le bouger.
Les presque 2 tonnes de notre dérive descendent… lentement…
...un peu trop lentement au goût du Capitaine….
...
mais elle descend.
Dans cette manœuvre, le but est ensuite de remonter complètement la dérive, Rémy guidant le câble avec les mains, afin de le remettre en place sur la poulie.
La dérive remonte un peu… puis s’arrête.
Impossible de continuer.
Quelques minutes plus tard, alors qu’il tente de vérifier les contacts (une fois de plus !), et que nous suivons exactement la trace de notre dernier voyage, nous touchons de nouveau le fond.
Et nous le touchons, dans tous les sens du terme !
Mais P… de B… de M… !
C’est pas possible !
Notre "série poisse" ne va pas recommencer.
Mais qu’avons-nous fait pour mériter ça ?
Rémy court de l’atelier au pont, du pont à l’atelier, chaque fois avec un outil différent pour tenter de connecter les fils à la main.
J’actionne la dérive. Elle remonte encore un peu.
Puis... Stop !
La dérive est suffisamment relevée pour nous sortir de ce banc.
Mais le sera-t-elle aussi pour nous permettre de passer sur le rio Negro où il y a si peu d’eau ?
Quel stress !
Entrée d’eau ou pas, c’est décidé, nous n’attendrons pas d’être à sec pour installer notre nouveau sondeur. Ce sera fait dès notre retour à Mercedes !
Le vent est de plus en plus fort.
Nous avons de plus en plus froid.
Il est 17 heures - Demain, il fera jour et personne ne nous attend.
Nous décidons de faire halte à Soriano, dans un rio un peu abrité du vent... Quoique ?
Le lendemain, mardi - Temps POURRI !
Il fait gris. Le vent est fort. Et il fait encore plus froid que la veille.
Il fait un froid de crevette congelée, non décortiquée
(ça change un peu du canard !)
2 paires de pantalons, tee-shirt, sweater, veste polaire et parka.
Jamais je n’ai vu mon mari mettre tant de couches de vêtements.
Même pas en Patagonie !
Nous terminerons le voyage transis,
sous une bruine glaciale.
De mieux en mieux !
Sur le Rio Negro, nous ne toucherons qu’une seule fois.
Juste le temps de savoir que notre cœur est toujours à la même place.
Car les secondes sont longues lorsqu’on sait que, même "plantés", on ne peut plus remonter la dérive.
Arrivée Mercedes - 16 heures
Nous sommes de nouveau chez nous. Et surtout, tranquilles pour 9 mois !
Dès l’extinction des machines, Minette sort de sa cachette et se "scotche" devant le poêle.
Conclusion de ce voyage :
Pour du repos, c’est réussi !
Dire qu’il faisait un temps printanier la semaine dernière.
Ça s’appelle avoir du bol !?
De retour à Mercedes, nous sommes sensés reprendre le travail.
Notre plus vif souhait étant de partir au plus vite vers d’autres rivages, nous devrions même en mettre "un sacré coup".
Ce ne sera pas le cas !
Pendant ce mois d’août et ce jusqu’à fin octobre, nous subirons un phénomène local, assez courant semble-t-il à Mercedes, appelé ici « creciente » . . .