Quelques jours avant le festival, nous avons le plaisir de voir arriver un voilier battant pavillon français.

Le voilier se nomme Myrtho.

Son capitaine se prénomme Christian.

Christian est un navigateur solitaire. Mais il apprécie beaucoup la compagnie. Il vient nous saluer et nous sympathisons immédiatement.

Mélomane lui aussi, nous nous retrouverons chaque soir autour d’une table, pour apprécier les concerts de jazz.

Nous passerons aussi quelques soirées très agréables sur nos bateaux, évoquant au son du Djembé les pays visités, dont la Casamance qui restera à jamais dans nos mémoires.

Si notre mastodonte passe inaperçu aux yeux de nos voisins, ce n’est pourtant pas faute d’être "voyant" - très "voyant" même !

Toujours savamment tacheté de bleu, rose et gris, couvert de planches, pots de peinture et outillages divers, il est aussi muni de pare-battages peu élégants.
Mais ceux-ci s'avèrent très efficaces pour protéger notre coque lors des variations spectaculaires du niveau de l’eau dans le rio.

Superbes pare-battages
Plus d'eau dans le rio

Vent de Folie se fait également remarquer pour sa désobéissance aux règles en vigueur.

Oh le vilain !


Les bateaux doivent en effet s’amarrer « à la méditerranée » - terme employé ici pour indiquer un amarrage perpendiculaire au quai, l’arrière à la bouée.

Si l’on compare à ce que nous avons connu...

Mai 2011
Juin 2011
Septembre 2011

… la différence est assez impressionnante.

Tout aussi impressionnante la vitesse avec laquelle le niveau peut descendre.

Voici bien longtemps que nous n’avons travaillé sur le pont comme ceci, en pouvant observer les passants... ou le contraire (!).

Hélas, lorsque le niveau d’eau est bas, nous avons le mur pour tout horizon. Et, comme il pleut rarement, cela se produit de plus en plus souvent et dure de plus en plus longtemps – condition quelque peu préoccupante pour la région.

Pourtant, Vent de Folie est toujours amarré le long du quai.

Lors de cette grande affluence de bateaux, le directeur de l’hydrographie nous a demandé de nous mettre, nous aussi, perpendiculaire au quai, l’arrière attaché à l’une des bouées.

Mais, forts de l’expérience de nos amis d’Illawong dont la bouée a lâché l’été dernier, les rabattant violemment contre le quai, nous avons exposé le risque que "notre 15 tonnes" aille écraser les voisins au moindre coup de vent, parfois très fort en été, période propice aux pamperos.

Sachant que ces "charmants voisins" courent se plaindre directement auprès de l’hydrographie pour la moindre nuisance, nous ne voulons aucun problème.

Après courte réflexion, le directeur a donc préféré que nous gardions notre place, à la condition (proposée par nos soins) d’accepter d’autres bateaux à couple.

Le catamaran de Marco est déjà amarré à Vent de Folie. Mais notre "camion", solidement amarré aux gros poteaux de bois et protégé par ses belles défences Michelin, peut en supporter bien davantage.

De cette manière, nous pouvons également continuer de profiter de la seule échelle du quai. Car, contre le haut mur de pierre, point de ponton flottant. Et les seuls échelons en acier scellés dans ce mur sont à la place qu’occupe Vent de Folie.

Pour les autres, toute la journée, c’est la course à l’échelle sur le quai.

Cette échelle, mise à disposition des usagers et unique pour tout le port, se balade d’un bateau à l’autre, portée et installée par nos braves et toujours disponibles gardiens.

Mais, rien n’étant prévu pour accrocher cette échelle et le niveau d’eau n’étant jamais le même…

Attention aux chutes !

Sympa Puerto Mercedes. Mais pas du tout pratique !

Premiers arrivés, premiers servis !!!

Nouveau voisin – Nouvel ami

Comme Candice, Christian adore danser et déplorera, lui aussi, le calme relatif de Mercedes. Toutefois, le charme des lieux et la gentillesse des gens le retiendront plus que prévu.

Puis il lui faudra partir.

Nous regrettons sincèrement son départ et espérons vivement le revoir au Brésil.

Invasion Porteños à Puerto Mercedes


Vous ne sentez pas comme une odeur de médisances ?... !!!

Nous sommes le 15 janvier. Le festival est terminé.
Nous pouvons reprendre une vie normale.

Quoique ? . . .

En Amérique du Sud, nous sommes en été, période de grandes vacances.

Dès les fêtes de fin d’année terminées, les bateaux affluent devant le quai de Puerto Mercedes. Nous ne reconnaissons plus "notre muelle".

Les yachts, petits ou gros, se succèdent et le quai fourmille dès le matin.

Tous arrivent de Buenos Aires et ne font, hélas, que conforter notre opinion sur cette population.

Après des arrivées fracassantes, sans aucun pare-battage (bouée protectrice pour la coque que l’on accroche normalement lors des arrivées aux ports), les amarres en « plat de nouilles », ils ne cessent de quémander : échelle pour accéder au quai - tuyau d’eau - prise de courant - plein de carburant sur le quai…

Ils n’ont rien. Et il leur faut tout, tout de suite.

Les gardiens du port font preuve d’une grande patience avec cette clientèle qui nous surprend davantage chaque jour par leurs exigences.
Certains iront même jusqu’à demander qu’on leur trouve des vélos pour une petite balade d’une demi-heure.

Heureusement, Jorge Gimenez est là pour répondre à toute demande, même la plus insolite. C’est son travail. Nous ignorons comment il est prévenu, mais dès que nous voyons Jorge arriver sur sa moto et venir "blaguer" avec nous depuis le quai, nous savons qu’un bateau argentin va pointer le bout de son nez.

Quelques petites anecdotes peut-être ?  Je ne puis résister !

(Qu'aurais-je à raconter sans eux ?... !!!)

Ainsi, depuis le début du festival, exception faite de Vent de Folie et Myrtho, tous les bateaux sont argentins.

Christian vient du Brésil et n’a fait qu’une brève escale en Argentine. Il n’a donc pas d’avis sur les Porteños. Du moins, pas pour l’instant.
Ayant vite compris combien il pouvait être calme et surtout gentil, nous nous permettons de le prévenir que la politesse et la reconnaissance ne sont pas les qualités premières de ces plaisanciers.

Un soir où nous nous retrouvons, comme chaque jour, pour écouter le concert de jazz, Christian arrive quelque peu courroucé, ce qui ne lui ressemble guère.

Il nous raconte :

Anecdote : Sympas les Porteños !?!

Dans l’après midi, son nouveau voisin lui demande s’il peut emprunter son tuyau d’eau pour remplir ses cuves (précisons que nous payons l’eau et l’électricité selon consommation propre au compteur).

Soit ! Christian est très serviable. Il accepte.

Notons qu’en Argentine et en Uruguay, curieusement, les bateaux naviguent toujours pas paire.

Christian commence à regretter son geste lorsque l’homme, après avoir rempli ses cuves et sans demander à Christian si cela le gêne, passe le tuyau à son voisin et ami, afin que celui-ci fasse également le plein.

Les hommes ont terminé.
Le tuyau retrouve sa place sur le quai.

Et Christian attend toujours, à défaut du « combien je vous dois », l’éventuel « merci » que l’on peut attendre dans de telle circonstances.

« J’ai bien pensé à ce que vous m’aviez dit », nous dit-il enfin.
« Ils se sont bien fichus de moi. »

Et oui - C’est comme ça les Porteños !

 Et la saison ne fait que commencer.

Sur Vent de Folie, dès les premiers jours de l’été, après quelques tentatives de convivialité, nous avons vite compris que tout effort d’amabilité envers ces voisins occasionnels était inutile.

N’ayant obtenu alors aucun regard de leur part, nous ne bougions plus le petit doigt pour les aider, pas même pour parer notre delphinière.

En tube acier, d’au moins 6 cm de diamètre, le risque n’est pas pour elle !

Nous faisions uniquement exception pour aider notre cher Alberto, gardien du port et toujours disponible pour aider son prochain.
Car, les capitaines ayant pour habitude de stopper les machines avant même d’avoir attrapé la bouée, lançant leurs amarres (quand ils y parviennent) sur le quai 10 mètres plus loin, ce pauvre Alberto, probablement plus que sexagénaire, s’est souvent trouvé contraint de ramener, seul, un bateau à ce quai.

Bien que prévenus par d’autres équipages étrangers ayant vécu cette "ruée" estivale, nous avons été très surpris, autant par leur manque de civisme que par leur incompétence totale à manœuvrer dans un port.

Une exception toutefois avec un jeune couple, naviguant sur un énorme et superbe yacht, qui fut des plus aimables avec nous ainsi qu’avec le personnel du port. Nous les remercions très sincèrement de s’être démarqués de leurs congénères.

Anecdote : Do you speak English ?

Comme chaque jour, un nouveau bateau vient prendre la place perpendiculaire au quai, sur l’avant de Vent de Folie.

Les manœuvres de ces navigateurs du dimanche étant toujours surprenantes, nous allons à l’avant afin d’éviter que notre delphinière n’aille faire exploser un de leur hublot.

Le capitaine, qui ne nous a toujours pas salués, descend à terre. Il passe devant notre voilier, nous voit – chose rare  - et s’adresse à nous – encore plus rare, nous aurions dû nous méfier.

Il nous parle en anglais et nous demande si nous venons d’Argentine ou d’Uruguay.

Nous répondons en espagnol : « Nous sommes Français. »

Il nous dit alors très rapidement, toujours en anglais : « Ah, désolé, je ne parle pas français ».
Pu
is il tourne aussitôt les talons, ne nous laissant pas une seconde de plus pour lui préciser que, comme il vient de le constater, nous parlions castillan - Gloups !
Il ne nous adressera plus un regard de la semaine.

Celui-ci aurait mieux fait d’imiter ses semblables en nous ignorant.

Nous pourrions raconter bien d’autres anecdotes de ce type, certaines faisant sourire, d’autres nous mettant hors de nous.
Ce sera le cas quelques mois plus tard, en avril, lorsque les plaisanciers arriveront de nouveau à Mercedes pour la semaine du tourisme.

Précisons que les employés du port ne disposent d’aucune barque, annexe  ou autre moyen de « se jeter à l’eau » pour venir en aide aux bateaux.

Anecdote : Gonflé ! … pas l’annexe… le mec !

Jérôme, Cathy et leurs 2 petites filles viennent d’arriver d’Argentine (dont ils ont été « priés » de partir) sur Tortuga. Ils sont  amarrés tout au bout du quai. Les nuits étant courtes avec 2 très jeunes enfants, chaque après midi, tout le monde fait la sieste sur Tortuga.

Environ 15 heures - Un immense yacht arrive. Jamais nous n’en avons vu d’aussi grand à Mercedes. Mais, si d’ordinaire l’annexe est présente mais sagement rangée sur le pont, cette fois il n’y en a pas.

Le yacht recule vers le quai. Le capitaine éteint ses moteurs (?!). La dame jette les amarres au gardien qui attend sur le quai. Puis le couple se rend à la proue et attend, alors que le courant fait dériver l’avant de leur bateau toujours libre.

Soudain, je vois arriver Claire, à bord de son zodiac, ramant péniblement contre le courant. Je sors aussitôt quelque peu inquiète.

Rapidement, Claire m’apprend qu’elle a été appelée par le gardien afin de venir en aide à ces nouveaux arrivants.

Réveillée et surprise d’une telle demande, elle n’a su refuser. Elle est descendue dans son Zodiac et a dû traverser tout le port à la rame, pour aller accrocher l’amarre de ces "empotés" (et le qualificatif est aimable !) à la bouée.

Devant la mine déconfite de Claire, le capitaine se sentira toutefois contraint de la remercier, du haut de son bateau.
Mais lui et son épouse l’ignoreront complètement ensuite lorsqu’ils se promèneront chaque jour  le long du quai, passant inévitablement devant Tortuga.

Comment voulez-vous que l’on dise du bien de ces gens là !!!

Tout ceci n’empêche nullement

de se porter comme un charme !

Côté confort, il manque aussi des compteurs et certains sont très mécontents de ne pouvoir faire fonctionner l’énorme climatisation ou encore faire refroidir les glaçons et les bières qui emplissent le "frigo".

Nous avons récupéré de cette semaine de festivités musicales.
Nous sommes blindés contre l’indifférence de nos voisins (!).
Malgré la chaleur, nous avons repris le travail.

Il fait toujours 35 à 38 degrés dans le carré, malgré l’énorme ventilateur (prêté par notre ami Marco que nous ne pourrons jamais remercier suffisamment pour tous les services qu’il nous rend).

Notre efficacité est donc limitée. Le travail n’avance pas.
Et le moral est en chute libre.

Allons-nous en finir un jour avec ces travaux ?

Une grande envie de tout cesser, d’acheter une humble petite maison où nous pourrions profiter de temps libre, et d’aller couler notre bateau dans le Rio de la Plata (rejoignant ainsi tous ceux qui gisent au fond de l’eau) commence à me tenter sérieusement.

Mardi 17 janvier

Baisse de moral sur 

Nous n’en pouvons plus !

D'accord... ça va passer - Mais en attendant…


Par chance, de nouveaux "arrivages" vont nous redonner du baume au cœur.

Février 

Bateaux français à l’horizon !

En une belle journée ensoleillée, 2 bateaux battant pavillon français s’approchent du port de Mercedes.

L’un d’eux est Zigoto.

Nous avions croisé Didier et Isabelle voici 6 ans, lors de notre descente de la côte espagnole. Hélas, comme lors de notre première rencontre, leur escale est brève et nous n’aurons guère le temps de faire plus ample connaissance.

Avec eux arrive Asta Luego.

Asta Luego (sans "H", même si cela intrigua sérieusement Candice !) est un superbe catamaran sur lequel navigue une famille des plus sympathiques.

Sylvie

Une pêche d’enfer - Toujours le sourire - Adore recevoir ses voisins - Toujours prête à rendre service à sa voisine, même pour lui faire profiter de son lave linge.

Serge

Toujours le sourire également, sauf lorsqu’il est concentré sur la cartographie.
Adore nous régaler d’un bon Lomo ou xorizo à la plancha - Connaît tout (pour l’avoir fait sur Asta Luego) sur l’aménagement d’un bateau - Dépanne son voisin en lui prêtant son outillage.

Sébastien - 17 ans ½
Pris au piège à son passe temps favori :
la lecture.

Est aussi un autodidacte doué en piano.

Thomas – 12 ans

Intarissable quelque soit le sujet - nous n’avons jamais trouvé le bouton « stop » ! - Mais son sourire et sa gentillesse, alliés à un caractère "en or", en séduisent plus d’un.

Nous passons de nombreuses soirées avec ces nouveaux amis, récompense ô combien appréciée après nos dures journées de labeur.
Grâce à leur joie de vivre et aux excellentes soirées en leur compagnie, le moral remonte un peu.

Hélas, leur séjour est de courte durée.

Quant à Candice, pour qui Mercedes est définitivement une ville trop calme, entre soirées films et après-midi plages, elle fut très heureuse de pouvoir profiter de la compagnie de ces 2 jeunes.

 

Hélas, la rentrée approche. Il va falloir partir . . .

Les pamperos (coups de vent très violent) se succèdent. Malgré un excellent amarrage au quai et à l’ancre, Mercedes est trop risqué pour y laisser Asta Luego.

Nous sommes bien tristes de les voir partir.

Promis ! Nous vous revaudrons ça aux Antilles !

Nous, on s’en fiche !
La clim’, on n’en a pas.
Quant aux glaçons, dans notre petit réfrigérateur, on n’a pas la place.

Et ça ne nous empêche pas de boire la Caïpi !

 


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