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Ce ne sera qu’une trêve de quelques jours, mais nous devons emmener Vent de Folie en Argentine.
En effet, si depuis l’Argentine nous devions régulièrement faire un aller-retour en Uruguay afin de renouveler l’autorisation temporaire de navigation, ici nous devons faire l’inverse.
Pour les personnes intéressées :
Nous pensions, en payant une taxe, pouvoir obtenir une prolongation de 9 mois. Mais la loi a changé. Il faut désormais, en plus de cette taxe, faire procéder à une inspection, payante elle aussi et sous réserve d’obtenir l’accord desdits inspecteurs.
Points inspectés : survie (Hum !), fusées (périmées depuis longtemps), coque (même si elle est en parfait état, celle de Vent de Folie avec sa peinture mouchetée fait pitié à voir !) …etc…
Nul doute que Vent de Folie ne passerait pas au contrôle.
Notre droit à naviguer en Uruguay n’expirera qu’en janvier, soit au bout de 9 mois. Mais cela nous contraindrait à partir en pleine saison estivale, lorsque les bateaux Argentins envahissent les environs. Nous risquerions alors de ne pas retrouver notre place.
Nous partirons donc avant le retour de notre mousse, mi-novembre, pour les grandes vacances.
3 jours, ce n’est pas bien long !
Oui mais !
Nous n’avons aucune envie de repartir en Argentine, et surtout de tout mettre en ordre - ce sera tout à fait relatif ! - sur Vent de Folie pour naviguer.
Nous cessons donc tout travaux sur la descente. Rémy doit même remonter le réservoir en charge et refaire les branchements.
M…. alors !
Destination Gualeguaychu (port argentin avec Prefectura et service d’immigration le plus proche)
Départ prévu première quinzaine de novembre.
Branle-bas de combat sur Vent de Folie.
Nous entreposons tout ce que nous pouvons chez Marco, dont le garage va exploser, et tentons de trouver une place pour le reste.
Anecdote : "Son locos los Franceses !" (Ils sont fous les Français!)
Comme nous, Yvan prépare son voilier pour le départ.
Nos bateaux sont solidement amarrés au quai sur lequel les promeneurs, fréquents, les prennent en photo.
En un après midi calme et ensoleillé, les 2 capitaines s’adonnent à leurs occupations de marin.
Yvan hisse sa voile, tandis que Rémy, l’annexe posée sur le quai, tente de réparer le fond qui se dégonfle toujours.
Yvan nous dit très à propos :
« Ils doivent se dire qu’ils sont fous ces Français, et se demander comment on a fait pour arriver jusqu’ici depuis la France ! »
Pour parfaire le cocasse de la situation, quelques heures plus tard, la petite Lilia s’allonge sur le quai et… nage.
!?!


Début novembre
Le départ approche
Pour ce voyage à Gualeguaychu, nous aurons 2 équipiers.
Chic ! Je ne vais pas toucher une amarre…
Quoique, le Capitaine ayant ses habitudes, j’en doute fort !?
Marco, qui navigue habituellement sur un petit catamaran que nous découvrirons bientôt, est ravi de notre invitation à nous accompagner pour ce voyage.
Quant à Gabriel, marinero et fils du Capitaine sur le catamaran touristique de la ville, il propose de faire le guide jusqu’à Soriano.
Gabriel connaît parfaitement les pièges du Rio Negro. Il nous montrera donc le chemin à suivre pour avoir toujours une hauteur d’eau suffisante.
N’ayant toujours pas de sondeur et ne souhaitant aucunement passer des heures sur ce rio, comme lors de notre arrivée, nous sommes ravis de cette aimable proposition.
Gabriel ne travaille pas le lundi.
Nous partirons donc pour Gualeguaychu lundi 7 novembre.
Gualeguaychu
Avant de partir, nous devons procéder aux formalités de sortie d’Uruguay.
Avec la Prefectura, aucun problème. Ils connaissent la procédure et tout se passe avec la plus grande courtoisie.
Mais pour l’immigration, c’est autre chose. Nous sommes les premiers étrangers à vouloir faire une sortie du territoire à Mercedes. Nous devons aller à Fray Bentos, nous disent-ils.
Que Nenni ! Pas de temps à perdre. Nous ne voulons pas faire escale dans ce port.
Mais nous sommes en Uruguay, pays où l’on trouve toujours une solution.
Un coup de fil plus tard et : « Ne vous inquiétez pas. Allez aux douanes. Quand vous reviendrez, j’aurai le tampon. »
Rémy se rend au service des douanes.
Là encore, surprise : la douanière veut être là au moment du départ.
Pour nous, c’est une première. Jusqu’alors, en Uruguay, jamais nous n’avions eu la visite des douanes.
Le lendemain, 7 heures 30
Gabriel arrive à l’heure et, très efficacement, aide Rémy aux manœuvres.
A l’aide de l’annexe, il nous faut mettre la proue à la bouée pour faciliter le départ, car depuis quelques jours, nous sommes coincés par deux gros yachts amarrés devant Vent de Folie.
Pendant ce temps, les services des douanes et de l’immigration arrivent.
Immigration – Ok ! – Les passeports sont tamponnés.
Passons aux douanes.
Il semble que Véronica, la douanière, ne tienne pas du tout à descendre sur Vent de Folie. Mais elle nous demande une liste de tout ce que nous avons à bord.
Gloups !
Puisqu’elle la veut sa liste, elle l’aura mais très succincte et en français.
Mais cela ne suffit pas à notre chère Veronica. Elle veut aussi l’original du « rol » (autorisation de naviguer dans le pays) et nous demande de le modifier pour y ajouter le nom des équipiers.
Alors ça, pas question !
Ce papier, visé par la Prefectura, ne doit pas quitter le navire. De plus, nous ne nous permettrons certainement pas de modifier ce formulaire officiel.
Visite express à la Prefectura, en face du port. La douanière se rend. Les équipiers sont inscrits au dos du formulaire, comme il se doit, et elle n’aura qu’une copie certifiée.
Gentille, mais lourde Veronica, très lourde !
Il est temps de partir, car le Capitaine commence à perdre patience.
Nous attendons Marco qui a un peu de retard.

Heu... le touriste qui attend sur le quai,
ce ne serait pas lui par hasard ?
!!!
9 heures, les amarres sont larguées.

Gabriel prendra la barre jusqu’à Soriano.


Marco prend son petit déjeuner.
Rien de tel qu’un bon maté pour commencer la journée !

Notre guide est aux anges.
Il adore les bateaux.
Notre bon gros Vent de Folie, c’est autre chose que le catamaran, non ?!
Il se concentre sur les balises, tout en nous indiquant les pièges du rio : banc de sable, arbre au fond, rocher, balise à ne surtout pas respecter ( !?)…
Lorsque le passage est sûr, il pousse les gaz comme il le ferait sur le Soriano.
Heu… "despacio" (doucement) Gabriel !
C’est un voilier et notre moteur est encore en rodage.
Arrivée à Soriano, Gabriel garde la barre. Mais il semble n’avoir pas encore bien saisi la différence entre notre 15 tonnes et « son » catamaran.
Il aborde le ponton plein face.
Le courant nous pousse.
Le temps de réagir, notre pauvre delphinière, toujours victime des arrivées au port, vient heurter le ponton de bois.
Marco et moi courrons à l’avant. Tandis qu’il pousse, je saute sur le ponton pour amarrer Vent de Folie.
Je m’en doutais. Les acrobaties, c’est toujours pour ma pomme !
Gabriel est un peu gêné, mais nous le rassurons. C’est la faute du Capitaine. Il est sur son bateau et aurait dû prendre la barre.
Et puis… le ponton n’a rien eu !!!
Après déjeuner, Gabriel nous quitte. Quant à nous, nous poursuivons vers Gualeguaychu.
Nous sortons du rio Negro et prenons le rio Uruguay.

Vers 18 heures, nous entrons dans un petit rio : le rio Gualeguaychu (du même nom que la ville où nous devons faire les formalités d’entrée en Argentine), affluent de rio Uruguay.
Changement de drapeau.
Nous sommes en Argentine.

Une surprise … et de taille !
Nous sommes à environ 1 heure 30 de Gualeguaychu lorsque nous apercevons une maison sur pilotis, au bord du rio.


Ce beau bâtiment, sur les berges du rio Gualeguaychu, entouré de verdure, est une Prefectura.
Depuis le ponton de bois, un jeune homme nous fait de grands signes. Nous le saluons et poursuivons notre route vers la ville afin d’arriver avant la nuit pour y faire les formalités.
Le jeune homme continue d’agiter le bras et s’apprête à prendre le zodiac de la Prefectura.
Nous comprenons alors que ces signes indiquent que nous devons nous arrêter.
Le temps de stopper notre "camion", nous avons déjà largement dépassé le bâtiment officiel.
Lorsque nous nous amarrons enfin au ponton, le policier nous demande :
« Pourquoi ne vouliez-vous pas faire les formalités ?»
Gloups !?
Le sous-chef arrive. Monsieur Chavez nous salue sans autre commentaire et demande de le suivre avec les papiers.
Nous pensons : « Ça y est, nous sommes en Argentine, les embrouilles commencent ! »
Et bien, contre attente, pas du tout !
Ce monsieur, à la mine sévère, s’avère un homme serviable et très courtois.
Il enregistre l’entrée de Vent de Folie, puis nous indique qu’il a le tampon pour viser les passeports mais ne sait pas s’il a le droit de le faire. Il doit téléphoner.
En attendant la réponse, nous laissons Marco en grande discussion avec Sieur Chavez et revenons sur Vent de Folie.
Hein ? Quoi ? Nous avons bien entendu ?
C’est que... c'est l’heure de l’apéro !
Etre bien reçu par la police argentine est déjà une première pour nous. Mais tant de courtoisie nous ébaubit.
Ce monsieur téléphone également au port de Gualeguaychu afin de prévenir de notre arrivée.
Mais il est tard, nous ne pourrions y être avant la nuit. Et pour ma part, je déplore de devoir quitter cet endroit magnifique pour aller en ville.
La Prefectura est entourée d’arbres et la quiétude des lieux n’est troublée que par le chant d’innombrables oiseaux.
Nous serions tellement mieux dans ce beau mouillage.
« Il est tard et l’endroit semble vous plaire. Si vous voulez, vous pouvez rester amarré au ponton et y passer la nuit, propose Mr Chavez. Vous pouvez aussi profiter du barbecue pour faire des grillades. »
Ben ça alors !
Après une bonne douche et un repas « divino » aux dires de Marco, nous passons une excellente nuit.
Demain matin, départ prévu à 7 heures.
Mais, avec 2 hommes à bord, le second sera dispensé de manœuvre.
Chouette alors !
7 heures, les amarres sont larguées. Seul le bruit du moteur me réveille.
Merci les gars. J’apprécie vraiment !
Petite frayeur sur le rio Gualeguaychu.
Des câbles de haute tension traversent le rio et semblent bien bas.

Marco contacte Mr Chavez par VHF afin de connaître la hauteur de ces câbles. Mais celui-ci ne détient pas l’information.
Nous approchons des câbles.
Nous n’allons pas faire demi-tour maintenant !
Nous avançons très lentement. Marco monte rapidement quelques échelons de mât…
Ça doit passer !
Nous sommes un peu crispés…
Ouf ! C’est passé !
Note : Nous apprendrons quelques minutes plus tard que ces câbles sont à une hauteur de 24 mètres. Il nous faut environ 18 mètres. Nous avions donc largement la place. Mais vu de dessous, une telle estimation s’avère très difficile.
9 heures




Nous tentons une approche du port mais il y a peu de fond, peu de place pour manoeuvrer, et pas de bouée pour l’amarrage.
La Prefectura de la ville, prévenue de notre arrivée, nous autorise à nous amarrer contre le quai en béton.

Les policiers surveillant le port attrapent nos amarres - certes très maladroitement - il serait bon de former ces "p’tits gars" - et notre delphinière heurte le mur - encore une dure épreuve pour elle, la pauvre !
Là encore, nous sommes accueillis avec beaucoup de sympathie et même une certaine admiration.
Si Gualeguaychu est une ville très touristique, il semble que les étrangers en voilier soient denrée rare et nous faisons l’attraction.
Anecdote : Grande pénurie en Argentine
Nos amis nous ont commandé des bidons d’huile - 30 litres, rien que ça !
Il faut savoir que le prix de celle-ci, de même que celui du sucre, est très bas comparé à l’Uruguay. De plus, ces temps-ci, le pesos argentin est au plus mal.
Hélas pour nous, impossible de monter sur le quai depuis le bateau. Nous devrons prendre l’annexe et il ne sera donc pas facile de transporter ces provisions. Mais nous avons promis.
Arrivés dans un grand supermarché, nous constatons justement qu’il y a pénurie d’huile, de sucre et de farine. Ces produits sont rationnés – pas plus de 3 par achat – et les rayons sont quasiment vides.
Il va y avoir une guerre ou quoi ?!
La production a été stoppée, nous dit-on.
Décidément, l’économie argentine est vraiment en péril et cette chère Cristina, pour son 2ème mandat présidentiel, a du pain sur la planche !
Lorsque nous voulons reprendre l’annexe, nos rames ont disparu. Les policiers les ont enlevées « pour la sécurité ». La gentillesse de ces policiers argentins à notre égard est surprenante.
Nous passons la nuit devant ce quai, espérant que le gros orage annoncé nous permettra de reprendre la route demain matin.
Le lendemain . . .
La nuit est très orageuse. Une pluie diluvienne réveille tout l’équipage. Puis le jour se lève sous un ciel encore très chargé.
9 heures - La pluie cesse.
Nous pouvons repartir pour l’Uruguay, avec un nouvel arrêt à la jolie Prefectura du Rio Gualeguaychu.


Mr Chavez nous a contactés comme promis. Il pourra viser nos passeports.
Nous remercions ces policiers pour leur sens de l’accueil, précisant que nous n’avons, hélas ! jamais connu cela dans leur pays.
Nous leur laisserons même un cadeau - Qui l’eut cru ?
Nous réalisons alors – et nous faisons notre mea-culpa – que nous faisons bien trop souvent l’amalgame entre Argentins et Porteños, habitants de Buenos Aires et sa région, où nous avons passé la plus grande partie de notre séjour dans ce pays.
Anecdote : Une petite formation à la navigation, peut-être ? !
Le chef de la Prefectura veut connaître notre heure d’arrivée à Mercedes, afin de prévenir ses collèges uruguayens.
« Vers 19 heures ou 20 heures. En voilier, on ne peut pas vraiment prévoir », lui dit-on.
Quelques heures plus tard, nous l’entendons annoncer l’arrivée de Vent de Folie à Mercedes à 18 heures 15.
Nous avons envie d’ajouter : « et 30 secondes ! »
Vers 19 heures : arrivée à Mercedes.
Mais la journée n’est pas terminée.
Nous sommes attendus chez Teresita et Santiago (famille de Marco).
Toaemoa largue les amarres demain matin. Un asado s’impose.
Les jours suivants seront consacrés à la préparation de l’arrivée de notre princesse.
La cabine est en ordre, puisque préparée pour Marco lors de ce voyage en Argentine. Mais il faut faire de la place dans les placards.
Notre demoiselle arrivera probablement chargée de ses robes, jupes et autres parements de jeune fille coquette. Il va falloir les caser quelque part et pour 3 mois.
Puis les jours passent... de plus en plus longs…
Notre fille vient de passer ses examens de fin d’année et nous étions probablement plus stressés qu’elle (cf. pages Kiwi).
Côté météo, la température augmente brutalement. Après nous être plaints du froid, nous allons nous plaindre de la chaleur (!).
Mais si nous ne parvenons pas à nous remettre au travail, ce n’est pas seulement à cause de la température.
La date d’arrivée de notre mousse approche.
Mardi 15 novembre, Candice devrait embarquer pour Buenos Aires.
Pendant 3 mois, l’équipage de
sera de nouveau au complet.
Notre excitation à l’idée de revoir notre fille après cette longue absence est à son comble . . .


Et quelle n’est pas notre surprise et notre fierté lorsque nous entendons, malgré l’état de la peinture : « Il est beau votre bateau ! »