Nous sommes fin novembre.
Après un hiver glacial, sans aucune transition, l’été est là, caniculaire.
37 degrés annoncés pour ce week-end.
Et nous savons qu’en plein été, la température peut monter à plus de 47.
C’est notre mousse qui va être contente !
Car, après avoir "raflé" tous les prix et eu les meilleurs résultats à l’Université de Sciences d’Auckland, pour notre plus grande joie, elle revient parmi nous.
Depuis qu’elle en a l’âge, notre fille souhaite savoir conduire.
(Pour des nouvelles de sa fin d’année à Auckland et son retour en Uruguay, cf. Menu Kiwi : page « Déménagement et retour »)
Sa recherche désespérée d’un chauffeur pour son déménagement de fin d’année et l’idée qu’elle devra recommencer chaque début et fin d’année, n’ont fait que la convaincre que, si elle veut pouvoir "se débrouiller" seule, elle doit obtenir le permis.
Hélas, lors de notre dernier séjour en France, voici deux ans, 4 mois n’ont pas suffit. Les listes d’attente pour l’inscription devenant aussi démentielles que les tarifs.
Elle va passer ces 3 mois de vacances en Uruguay, c’est peut-être le moment.
Dès son arrivée, nous prenons les renseignements nécessaires.
Très peu de temps après,
Candice prend déjà sa première leçon de conduite.
Le permis ! Pas de quoi en faire un plat me direz-vous ?
Et bien, jugez vous-même !
(Détente garantie)
L’inscription n’est pas très compliquée.
Il suffit de faire établir un document par un escrivaña (sorte de notaire) prouvant que nous demeurons en Uruguay depuis un certain temps, ainsi qu’une attestation de la police assurant qu’elle n’a eu aucun problème avec la justice.
D’autre part, avant le jour de l’examen, il faudra avoir passé une visite médicale auprès du service compétent qui décidera si vous êtes apte ou non.
Pour ce faire, la seule difficulté consiste à se rendre au centre médical dès 6 heures du matin, et à attendre son tour, comme les nombreuses personnes venues consulter ce jour là.
La visite est rapide.
Candice est déclarée apte pour 2 ans.
A savoir :
Pour toute consultation à l’hôpital, sauf urgence, il y a des jours donnés (2 par mois) selon la spécialité demandée.
La veille de ce jour, il faut être présent dès 6 heures du matin, pour obtenir l’heure du rendez-vous.
Le nombre de personnes pouvant prétendre à obtenir un rendez-vous ce jour-là est pourtant connu d’avance. Peu importe ! Il faut quand même être là et attendre son tour.
Une fois le rendez-vous obtenu (si on a la chance d’être arrivé avant les autres), on se prépare à revenir le lendemain… à 6 heures du matin également.
Une fois encore on attendra son tour -
!?!
Jusque là, si ce n’est cette bizarrerie pour les rendez-vous médicaux et la rapidité des démarches comparée à nos pays dit civilisés, rien de très étrange.
Le meilleur est à venir.
Cours de conduite
A Mercedes, ne cherchez pas d’auto-école. Il n’y en a pas. Un véhicule école, encore moins.
Quand à l’autocollant à poser à l’arrière du véhicule pour signaler un jeune conducteur, ça n’existe pas non plus.
Pour le permis camion, c’est la même chose - Gloups !
Nous apprenons aussi que, en Uruguay, le véhicule dans lequel on se présente le jour du permis doit être immatriculé dans le même département que celui où l’on passe l’examen (ici, à Mercedes, nous sommes dans le département de Soriano, il faut donc un véhicule immatriculé à Soriano).
Puis, il nous faut trouver l’un des 2 moniteurs autorisés à donner des leçons de conduite à Mercedes.
Tous nous parlent de Monsieur Sosa,
connu « comme le loup blanc » à Mercedes.
Il est donc aisé d’obtenir son numéro de téléphone.
Sosa, comme tous le nomment ici, est très demandé. Mais il trouve malgré tout un horaire pour « la jeune Française »
Lundi 28 novembre
Première leçon - Première surprise
Sosa, fort sympathique au demeurant, donne les leçons de conduite dans son propre véhicule, sans double pédales, sans même la moindre indication sur son véhicule.
Mais Sosa exerce depuis des années. Nous lui faisons confiance.
Candice prend sa première leçon.
Elle est ravie.
Conduire, « elle adoooooore ! »
Déroulement
Elle nous apprend que, à raison d’une leçon par jour, sauf les samedis et dimanches, elle pourra présenter ledit permis dans 15 jours, soient 15 leçons.
Non, je n’ai pas fait d’erreur. Candice non plus.
Incroyable ?
Attendez, nous ne sommes pas "au bout de nos surprises".
2ème surprise
Après 4 ou 5 leçons, Candice sait démarrer, passer les vitesses, gérer les pédales, mais elle commence à s’impatienter.
Quand pourrai-je rouler à plus de 30 km/heure ?
La réponse est simple : JAMAIS - En tout cas, pas à Mercedes.
Dans cette ville, la seule route où la vitesse autorisée est supérieure à 30 est « Las Ramblas », route qui longe le rio.
Il s’agit d’une 2 fois 3 voies – Vitesse maxi : 45 km/heure
Mais, même là, Sosa estime que ce n’est pas la peine d’aller trop vite. Et lorsque Candice, heureuse de pouvoir "appuyer un peu sur le champignon", dépasse alors les 40 km/h, il lui dit :
« Toi, tu aimes la vitesse ! » . . .
Il est certain qu’ainsi, nul besoin de double pédales.
On se demande même s’il est utile d’apprendre à conduire.
Et Candice brûle d’impatience de pouvoir tester l’accélérateur et doubler tous ces "lambins".
3ème surprise
Nous rassurons Candice en lui disant qu’à l’extérieur de la ville, la circulation est limitée à 110 km/heure.
Encore quelques leçons et son moniteur sortira alors de Mercedes et lui permettra probablement de rouler plus vite.
Que Nenni !
Les "apprentis conducteurs" ne peuvent circuler en dehors de la ville.
Sosa lui a en effet proposé quelques heures de conduite sur ces routes nationales, mais uniquement lorsqu’elle aura obtenu son permis.
Mais Candice pense qu’il lui ne permettra probablement pas de rouler à plus 60 km/h... et encore ?!
Gloups !
Circulation et consignes
Chaque soir, après sa leçon, Candice nous rapporte ce qu’elle a appris.
Courtoisie uruguayenne oblige, les piétons sont toujours prioritaires, quelque soit le lieu qu’ils choisissent pour traverser. Ceci, elle le sait déjà.
Les chevaux le sont également.
De même que le chien ou tout autre animal souhaitant traverser la rue.
Ils y font parfois même une petite sieste.
Pour le reste, comme partout, la priorité à droite est de rigueur.
Pour la plupart, les rues de Mercedes sont à sens unique - le sens est indiqué par une flèche dessinée sur les trottoirs.
Les routes à double sens sont rares, de même que les routes prioritaires ( particularité, on perd la priorité dès que l’on quitte une route prioritaire).
Nous signalons aussi à Candice qu’elle ne verra qu’un feu dans la ville.
Par contre, il y a un certain nombre de STOP.
Ceux-ci, de même que le sens des rues, ne sont pas signalés par un panneau. Il faut regarder sur les trottoirs. L’inscription PARE (arrêt) signale un stop.
Nouvelle surprise et non des moindres
Quel n’est pas notre étonnement lorsque Candice nous apprend que, lorsqu’il y a un STOP, Sosa lui dit de ne pas s’arrêter.
Hein ? Quoi ?
Je dois simplement le « glisser », nous dit-elle, en faisant attention qu’aucun véhicule n’arrive de la droite ou de la gauche.
Ouh là, là !
Nous prenons alors la grande feuille de consignes, remise aux élèves en guise de code, et vérifions ce qu’il en est.
Il est pourtant bien inscrit qu’il faut s’arrêter.
Mais réfléchissons un peu.
En effet, pourquoi s’arrêter à Mercedes puisque la courtoisie est de mise et que tout le monde laisse la priorité au premier arrivé ?
Il en va de même pour d’autres consignes obligatoires de sécurité.
La ceinture est obligatoire, mais, si Monsieur Sosa demande à Candice de la mettre – Ouf ! – sur la route, peu de personne l’attache.
Que disent les policiers ?
Probablement conseillent-ils aimablement de l’attacher.
Pour les 2 roues, le port du casque est bien obligatoire. Mais ici, même avec 5 personnes sur un scooter ou une moto, personne ne le porte… sauf les policiers (!)
Lorsque nous abordons la question des pédales, Candice nous dit avoir des difficultés pour descendre les côtes, nombreuses, en débrayant, comme le lui demande son moniteur.
De mieux en mieux !
Nous décidons alors de faire le point chaque jour avec notre jeune conductrice afin de rectifier les usages locaux, lui apprendre ce qui se fait partout ailleurs (!) et lui éviter de se retrouver dans une situation embarrassante.
Stationnement
Pour les choses moins essentielles - quoique ? - Candice n’apprendra jamais à faire un créneau. Lorsque, sur nos conseils, elle demande à Sosa de le lui apprendre, il lui fait faire un stationnement contre un trottoir…en marche avant.
Ici, on appelle ça « faire un créneau » ?!
Mais il est vrai que nous ne verrons jamais un chauffeur faire une marche arrière pour se garer.
Soit !
Sens giratoire et dépassement
Kesako ?!
A Mercedes, point de rond-point pour apprendre le sens giratoire.
Quant à doubler, pour Candice, cela demeurera un mystère. Ici, seuls les "2 roues" se permettent de doubler.
Non mais. On n’est pas des sauvages tout d'même !
Arrive le "Grand Jour"...
Nous avons réuni papiers et photos. La visite médicale est faite. 15 jours après la première leçon, comme prévu, Candice se présente à l’examen du code et de la conduite qui ont lieu au cours de la même matinée.
Première étape : Le code
Lors de l’inscription, une grande feuille recto verso, récapitulant panneaux, priorités et consignes diverses, est remise à l’élève qui devra l’étudier pour l’examen. Mais l’essentiel est à apprendre pendant les heures de conduites.
L’examen du code a lieu le jour du permis.
Une série de questions est posée. Ce sont strictement les mêmes que celles traitées sur la « feuille de code ».
Une spécificité locale est que l’élève doit connaître par cœur le nom des rues, savoir lesquelles sont prioritaires et lesquelles sont à double sens.
De là à croire que les candidats n’envisageront jamais de quitter la ville,
il n’y a qu’un pas !
Pour Candice, ceci représente la plus grande difficulté car elle n’est là que depuis 3 semaines.
Mais Papa est là.
A force de déambuler dans les rues de Mercedes à la recherche de vis, boulons et autres fournitures, il connaît le nom de la plupart des rues, prioritaires, à double sens ou autres. Notre plan de la ville fera le reste.
Anecdote :
Une femme distribue les questionnaires et précise avec insistance pour les candidats qui passent le permis 2 roues : « N’oubliez pas que le port du casque est obligatoire.»15 minutes plus tard, certains candidats "planchent" encore sur leur copie. Candice a répondu à toutes les questions et ne voit pas ce qu'elle pourrait ajouter. Elle espère avoir fait moins de 5 fautes.
Elle sort de la salle et attend son moniteur accompagné de l’inspecteur.
Seconde étape : La conduite
L’épreuve de conduite consiste en un tour de quartier autour de la mairie.
"3 p’tit tours et puis s’en vont !"
Un stop, une rue prioritaire, une à double sens, un créneau « à l’uruguayenne ». et c’est dans la poche !
Candice revient avec le document provisoire et le sourire.
Alors, t’es contente ?
T’as eu ton permis Bonux !
(Nous comptons sur les anciens pour expliquer aux plus jeunes - eux qui n’ont pu connaître la joie et l'excitation lors de l'ouverture de ces boites - ce qu'est le cadeau Bonux !)
Ce permis ainsi obtenu ne sera valable que 2 ans, après quoi le jeune conducteur doit passer de nouveau une visite médicale afin de renouveler son permis.
Or, dans 2 ans, nous serons – nous l’espérons - sous d’autres latitudes.
Mais vu les conditions d’obtention de ce permis, ce n’est pas bien grave.
Conclusion
Candice a obtenu le droit de conduire.
De là à dire qu'elle saura conduire en toute circonstance . . . c’est une autre histoire !
Nous nous abstiendrons de préciser à notre sympathique Monsieur Sosa que, en dehors de l’Uruguay, rares sont les endroits où l’on conduit avec une telle prudence...
Nous tairons aussi le fait que, si elle se fait prendre à glisser un Stop…
…elle ira au devant d’ennuis qui risquent de lui coûter une certaine somme.
Quant au stationnement, sans savoir faire un créneau, il est fort à parier qu’elle pestera souvent pour trouver une place.
Par contre, nous sommes fermement décidés à ne pas laisser Candice conduire à Auckland sans y prendre quelques leçons supplémentaires.
Pour la conduite à gauche, d’une part. Mais surtout pour apprendre à rouler de manière plus "conventionnelle".
Nous ne demanderons donc pas le permis international, qu’elle pourrait pourtant utiliser pendant un an en Nouvelle Zélande. Nous pensons préférable qu'elle repasse le permis là bas.
Malgré le constat de toutes ces insuffisances, Candice n’ayant jamais eu la possibilité de tenir un volant (sauf peut-être la fois où elle a embouti l’aile de la jolie voiture de son Papou sur le parking d’un supermarché !!!)...
De plus, cette expérience suscitera tant de bonnes parties de rigolade lorsque nous l’évoquerons avec les amis français qui viendront nous rendre visite bientôt à Mercedes, pour rien au monde nous n’aurions voulu louper ça !
Epilogue
A propos de visite, nous venons d’avoir une très agréable surprise . . .
Précisons quand même que la population de Mercedes dépasse les 40 000 habitants, l’équivalent de Arras, Cherbourg, Castres, Sète ou encore Bayonne – Tout de même !
C’est donc ce que l’on peut appeler une grande ville - certes, Préfecture de région de surcroît. Mais une ville tellement tranquille .
Point positif
Candice aura sans nul doute appris le démarrage en côte. Car des côtes, à Mercedes, il n’y a que ça.
Note : Nous apprendrons qu’en Nouvelle Zélande, l’obtention du permis est aux antipodes de l’Amérique du Sud (les conditions en Uruguay ou en Argentine étant les mêmes).
Il faut 2 ans de cours, stages et examens divers avant de pouvoir conduire seul et à toute heure.
En fait, le permis définitif n’est octroyé que lorsque le conducteur prouve qu'il est tout à fait à l’aise au volant.