Nouvel an chez les Chiliens

Note : Pour ceux qui s’attendent à voir des photos de nous fêtant ce Nouvel An, je préviens qu’il n’y en a pas. L’une des raisons est que nous évitions de nous balader dans les rues de Viña la nuit avec l’appareil (se retrouver menacé par un couteau comme cela arrive très souvent dans cette ville, très peu pour nous !). L’autre est que nous n’y avons pas du tout pensé ce soir là, et vous allez comprendre pourquoi.

 

Nous vivons dans cet hôtel depuis 1 mois et avons pu constater, en observant Lidia et sa famille, que les repas sont loin de ce dont nous avons l’habitude.

Chaque jour, Lidia cuisine pour toute la famille.
Arrive l’heure du repas
(autour de 16 heures. Nous avons digéré le nôtre depuis bien longtemps !)

Personne n’est à table au même moment et surtout, le repas est avalé en 10 minutes, les regards tous tournés vers la télévision, captivés par des séries télévisées totalement absurdes, dans un volume sonore insupportable.

Vive l’existence du "quincho" où nous prenons nos repas dans le calme !

Ce "quincho" jouxtant la cuisine, vive également la solidité de la porte qui a résisté aux nombreuses et énergiques claques de Rémy chaque fois que quelqu'un passe et « n’est pas fichu de fermer cette porte P----- !!! 

Ayant goûté quelques spécialités de Lidia, nous trouvons d’autant plus dommage de voir enfants et adultes ingurgiter ainsi la nourriture. Et nous ne parvenons pas à comprendre comment des gens qui ne se voient que pendant les grandes vacances ne peuvent profiter d'un bon repas pour passer du temps ensemble.

La question que nous nous posons : tous les Chiliens font-ils de même ?
Si quelqu’un a la réponse, nous prenons !

Ceci-dit, nous avions déjà remarqué le même comportement à Arica (Nord Chili), alors que nous arrivions du Pérou lors de l’un de nos voyages en bus.
Nous avions alors plusieurs fois déjeuné dans les restaurants du Mercado et avions été surpris de voir des gens manger là en famille, les yeux rivés sur la télévision, et le repas englouti en quelques minutes.

Candice toujours très longue pour manger étouffait rien qu’en les observant.

Et j’ai déjà parlé des litres de soda qui accompagnent inévitablement chaque repas. Au Chili comme dans toute l’Amérique du Sud, il n’y a jamais d’eau à table.
Demander une bouteille d’eau engendre systématiquement la surprise et il faut souvent le répéter 3 fois. Quant à obtenir une grande bouteille, cela relève de l’exploit alors que l’armoire réfrigérée est pleine de sodas en bouteilles de 3 litres (j’ai bien écrit 3 !).

Mais revenons au sujet du jour : le repas du Nouvel An.

Nous sommes le 31 décembre 2013

Afin de fêter ce passage à l’an 2014 tous les trois, en famille, nous avons acheté de quoi nous concocter un petit repas, bon mais le plus simple possible car entre les clients et la famille de Lidia, l’hôtel est plus que complet : les matelas sont entassés dans les chambres, ça grouille de monde, et la cuisine est inaccessible.

Milieu d’après midi…

Lidia nous apprend que, comme tous les ans, elle et sa famille vont fêter le Nouvel an dans le quincho avec tous les clients de l’hôtel, la plupart étant des habitués qui viennent là chaque année dans le but de manger ensemble puis aller voir le feu d’artifice très réputé parait-il.

Chacun apporte son repas, nous explique-t-elle, et on partage. Nous sommes donc conviés à nous joindre à eux.

Gloups ! Très gentil mais un peu tard pour nous prévenir.

Mais surtout, nous ne sommes pas du tout enthousiastes. Les dernières expériences de repas de Noël ou Nouvel An avec des dizaines de personnes pour la plupart inconnues ne nous ont pas laissé un souvenir impérissable, voire parfois un très mauvais souvenir, et nous tâchons  désormais de l’éviter.

Mais nous sommes des gens polis.
Malgré la totale désapprobation de Candice, nous acceptons et espérons ne pas le regretter.

Petit problème : les quelques amuse-bouche et les 3 petites côtelettes d’agneau que nous avons prévus ne conviennent pas du tout à ce qui se prépare dans le quincho.

Nous sommes au Chili, nous n’en sommes pas moins en Amérique du Sud.

Repas de fête = "Asado en la parilla" (viande au barbecue).

Sans aucune envie, nous repartons donc en ville, descendons la côte le plus rapidement possible en espérant trouver une boucherie ouverte en cette fin d’après-midi du 31 décembre.

Ouf ! Le supermarché est encore ouvert.

Nous demandons conseil à une cliente afin d’acheter un bon morceau de bœuf. Puis, toujours sous la canicule, nous crapahutons pour revenir à l’hôtel.
Arrivés dans le quincho, nous posons notre viande près des dizaines d’autres sur la grille du barbecue, la laissant aux bons soins de Tomas, fils de la maison et désigné LE spécialiste de la parilla.

Un Nouvel An « raté »

Vers 19 heures, il y a foule dans le quincho et la parilla est couverte de dizaines de kilos de viandes.

Tomas est le seul à surveiller la viande. Tous les autres hommes discutent autour du barbecue un verre de bière à la main. Femmes et enfants sont dans le jardin.

A part Tomas et Lidia, nous ne connaissons personne et nous sentons un peu perdus. Mais très vite, un couple nous propose un verre et nous offre de goûter un morceau de viande arrosé d’une sauce excellente (le célèbre et incontournable Aji chilien) que la dame vient de préparer.
Ils sont très sympathiques et très gais. Nous sommes rassurés, pensant que l’ambiance devrait être très bonne.

Nous montons nous préparer et redescendons.

...22 heures 30
Lidia et sa famille sont à table dans le quincho. Tous les autres ont disparu.
Ils se sont tous installés dans le jardin et nous ne les reverrons plus.
Lidia semble très déçue et apprécie d’autant plus nous voir nous installer à table avec elle et sa famille.

Mais le repas est quelconque, la viande immangeable tant elle est cuite, et surtout, tout est avalé en 15 minutes chrono.
Nous n’avons pas le temps de boire un verre d’apéritif, encore moins d’en proposer. Nous mangeons "avec un lance-pierres".

23 heures - Le quincho est vide. La table est débarrassée. Il ne reste que nous trois.
Gloups ?

Nous regrettons amèrement d’avoir accepté de participer à ce repas sans ambiance et sans même la joie de se retrouver « ensemble ». Un repas de cantine aurait été moins expéditif et plus animé.

Candice qui ne souhaitait pas du tout passer cette soirée avec tout ces gens est très déçue et nous rend responsables.

Dispute violente en famille. Bonne année !?!

Pas vraiment remise de nos galères de début de séjour, je suis anéantie par cette dispute un soir de fête.
Je tente de calmer le père et la fille... Pardon-Papa-pardon-Maman… Nous retrouvons un peu de sérénité…

Mais il n’est pas encore minuit, et la soirée est gâchée.

Sauvetage du Nouvel An

Nous sommes donc seuls à table et terminons nos assiettes.

La dernière bouchée avalée, nous décidons de "prendre nos cliques et nos claques", en l’occurrence la bouteille de champagne et le gâteau achetés pour l’occasion, et d’aller fêter la nouvelle année sur la plage, entre nous.


Quand je dis "entre nous", manière de parler...

“ El famoso Fuego Artificial de Viña del Mar”

Chaque 31 décembre, chaque ville de la côte lance son feu d’artifice sur la plage. Et vu la foule que nous y trouvons en arrivant, il semble que les habitants de Viña ne louperaient ce spectacle pour rien au monde.

Il est un peu plus de 23 heures.

Sur toute la côte, de Valparaíso  à Concón, les gerbes lumineuses illuminent le ciel.

(photos Internet)

Minuit pile

Des dizaines de bouquets-finals éclatent au même moment.

C’est superbe . . .

Le spectacle est terminé. Nous sommes en 2014

Paisiblement, la foule se disperse.

Les familles rentrent chez elle. Quant aux jeunes, ils vont tous, ou presque, à Valparaíso  - ou plutôt à Valpo car personne ici ne prononce le nom complet - la "ville de la fête" où ils passeront la nuit.

Des dizaines de bus s’arrêtent devant la plage, plus bondés les uns que les autres.
Nombre de jeunes feront les 6 ou 7 kilomètres qui séparent la plage de Viña du centre de Valpo à pied. Ceux n’ayant pas ce courage resteront à Viña et flâneront, une bouteille à la main, le long de la plage, jusqu’à l’aube.

Ne sachant pas si Valpo est "sûre" en cette nuit de fête, Candice préfère ne pas y aller, surtout seule. Quant aux boites de nuit, il serait étonnant qu’il y ait du monde ce soir. Elle n’ira donc pas danser.

Nous installons tous les trois sur le muret face à la mer, ouvrons notre bouteille, découpons le gâteau, et fêtons la nouvelle année.

Candice a retrouvé le sourire, nous discutons de choses et d’autres, regardons la mer, partageons quelques rires avec des jeunes qui passent...

Le temps s’écoule… Nous sommes ensemble… Tellement bien.

Cette soirée du Nouvel An est finalement très réussie.

Notre vœu le plus cher est que ce bonheur perdure.

Avant de terminer cette année 2013, outre ses sorties hebdomadaires, notre jeune stagiaire a eu l’occasion de faire une petite virée en campagne.

Nous allons à Limache . . .

 


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