Nous avons évoqué la Cholita à Villazon où nous avons fait la connaissance de ces femmes aux tenues étranges.
Mais c’est à La Paz, puis à Copacabana, que nous en rencontrerons le plus.
Aussi, avant d’assister à un spectacle hors du commun, est-ce le moment d’expliquer ce qu’est une Cholita.

Origine

En Aztèque, « cholote » veut dire chien. Aux Antilles, un « cholo » est un chien également, mais un bâtard.

Au 16ème siècle, les Criollos (les Espagnols) ont récupéré ce terme à des fins discriminantes
envers les métis d’Amérique du sud.


Un« cholo » qualifiait alors tout individu dont les ancêtres étaient métissés d’américain et d’indien ou plus largement dont l’origine raciale était mixte.


Selon le lieu et l’époque, l’usage précis du mot cholo a beaucoup varié.
Mais il a eu longtemps une connotation raciste.


Aux USA, « cholo » indique une personne de descendance mexicaine ou américano mexicaine.
Au Pérou et en Bolivie, « cholo » se réfère aux personnes ayant différents degrés d’ascendance amérindienne.
Dans les autres pays latino-américains, il est utilisé pour des gens dont les ancêtres sont européens et amérindiens.

 

Actuellement, le terme a perdu cette connotation raciste. Il est même utilisé pour indiquer qu’une personne est gentille. Les péruviens s’identifient eux même sans complexe comme étant des « cholos ».

Seuls certains Chiliens l’utilisent encore, parait-il, comme une insulte pour désigner un émigrant péruvien ou bolivien d’apparence amérindienne.

Mais cette connotation raciste ayant été trop longtemps accrochée à ce nom, ces dames préfèrent désormais le diminutif « Cholita ».


La cholita est désormais une femme indigène, une Aymara (peuple qui vit sur les hauts plateaux andins).

Le drapeau Aymara 

Si elle se voyait, il y a peu de temps encore, interdire l’entré à l’université ou dans les établissements de luxe, la cholita est actuellement une femme respectable, autoritaire, qui se distingue par une tenue traditionnelle.

La tenue de la Cholita

Le costume luxueux et élégant de la Cholita Aymara est né à La Paz.

C’est une tenue urbaine et non provinciale, devenue un symbole ethnique pour la femme Aymara.

 

Voici les éléments de cette tenue :

Le chapeau de la Cholita est le chapeau melon, plus ou moins haut, appelé « bombin ». Certains l'appellent « borsalino », mais rien à voir avec celui que l’on connaît.

Les jours de pluie, le chapeau est toujours là.

Mais Madame le protége !

Il existe en Bolivie des professionnels du chapeau melon.

Nettoyé, humecté et passé au fer chaud, nous avons vu ainsi, à Tupiza, de vieux chapeaux retrouver une seconde jeunesse.

Ce chapeau très masculin prête toujours à rire lorsque l’on voit une cholita pour la première fois.

Comment des femmes eurent-elles l’idée de porter un tel chapeau ?

La jupe est appelée « pollera » (une « pollera » est une grande cage où l’on élève les poulets).

Ce chapeau semble planté sur la tête de ces femmes, prêt à s’envoler au moindre coup de vent. Pourtant, je vous garantis qu’il tient parfaitement.

Sous cette jupe, la Cholita porte pas moins de 7 jupons – « enaguas »  - qui donnent une curieuse posture à ces femmes.

Pour compléter la parure et se protéger du froid, il faut ajouter le châle à dentelles - « ahuayo », très soyeux, de couleur vive et assorti à la jupe. Ou encore en laine, tricoté au crochet.

En semaine ou lorsqu’il fait très froid, ce joli châle peut-être remplacé par une couverture en laine de lama.

La cholita est également coiffée de deux très longues nattes reliées ensembles par la « tula ».

Lorsqu’elle est de sortie, la cholita ajoute à cette parure des bijoux en or assez voyants.

Certaines jeunes filles portent encore la tenue traditionnelle de la cholita. Il semble qu’elles aient moins de jupons.

Elle est en principe de couleur très vive, voire brillante ou moirée.

Nous avons bien d’autres photos de cholitas croisées au cours de ce voyage, mais beaucoup sont floues, car prises depuis le bus. Parfois dans la rue, mais le plus discrètement possible et souvent de loin.

En voici quelques unes, dont des recadrages.

Désolés, mais lorsqu’on voit la corpulence de ces dames, on n’a pas vraiment envie de les offusquer en brandissant notre boite à image devant leur nez !!!

Jupe et jupons

Nous avons vu des cholitas se rendant probablement à une fête ou autre invitation, vêtues de jupes et châles dorés ou encore jaune vif ou bleu argenté.

Malgré ces tenues souvent superbes, on ne peut pas dire que les cholitas ont de la classe. Car avec tous ces jupons, le postérieur reste toujours aussi proéminent.

Certaines cholitas parviennent toutefois à être très élégantes, même avec le chapeau melon.

Elles semblent toujours penchées vers l’avant, la tête au nord, les fesses au sud !
Parfois, le chapeau melon est remplacé par un chapeau beaucoup plus féminin...
... à notre goût !

Le coût de cette tenue est assez exorbitant.

L’une de nos préférées : 

Il faut environ 3000 bolos pour la jupe et les 7 jupons - 10 fois plus qu’une tenue normale.

Les cholitas ont la réputation de ne laver qu’un jupon à la fois, raison pour laquelle elles sentiraient mauvais.
En ce qui nous concerne, nous n’avons pas trouvé qu’elles sentaient davantage que les autres femmes boliviennes, au contraire (!)

Le chapeau melon coûte environ 500 bolos.

Ajoutons le prix du châle et des bijoux.

Sachant que la plupart des cholitas sont des marchandes,  travaillant dans la rue ou sur les marchés, on se demande alors comment elles peuvent assumer de tels frais vestimentaires.

La discrimination dont pâtissait la cholita il y a peu de temps encore tendrait à disparaître avec l'arrivée d'Evo Morales à la présidence de la République.

Evo Morales est un indien Aymara, issu du peuple et d'une mère chola. Il est très favorable à une revalorisation de la culture indigène. Il a, entre autres, instauré une fête populaire annuelle en l’honneur des cholitas et de leur tenue traditionnelle, les inscrivant comme symbole de l’identité bolivienne et de la fierté du métissage du pays.

Les cholitas portaient autrefois un chapeau à bords plats, parfois ornés de petites fleurs, que certaines ont eu la bonne idée ( !) de conserver.

Le chapeau melon a été importé vers 1920, par les européens qui travaillaient sur les chantiers de la voie ferrée. Les hommes du pays adoptèrent aussitôt ce nouveau chapeau.
A La Paz, un chapelier passa commande d’une grande quantité de ces chapeaux melons destinés aux hommes.

                                                     Là, nous avons  2 versions :

La première est que les chapeaux qui lui furent livrés étaient marrons au lieu d’être noirs.

La deuxième dit qu’ils étaient trop petits.

Le fait est que notre chapelier, désireux d’écouler au plus vite sa cargaison de chapeaux, eut une idée géniale.
Il dit aux femmes que ce chapeau était de la dernière mode en Europe.

Toutes les coquettes se ruèrent sur ces chapeaux et ne le quittèrent plus.

Le chapeau
Accessoires

Vous savez tout sur la Cholita.

Nous pouvons vous emmener admirer ces dames lorsqu'elles décident de
dévoiler leurs jupons...

Explication :

Ici, il pleut !

Quand la cholita monte sur le ring

Dimanche 16 mai

Si les cholitas se promènent dans les rues avec un air altier, il en va tout autrement lorsqu’elles décident de monter sur le ring.

Pendant ce séjour à La Paz, ce petit prospectus nous tombe par hasard dans les mains.

Ce spectacle a lieu dimanche, à 15 heures 30, dans un quartier populaire, assez loin du centre ville.

Nous prenons un taxi et arrivons à l’heure. Mais nous attendons longtemps devant la petite porte d’un haut et triste mur de parpaings.

. . . La porte s’ouvre enfin.

Après une petite altercation avec la personne de la caisse qui veut que les touristes paient 3 fois plus, sous prétexte qu’ils revendent les photos - en guise de touristes, il y a nous et 2 jeunes filles européennes qui partiront avant le clou du spectacle et nous les comprenons ! Après cette altercation donc, nous entrons enfin.
.

Nous nous installons dans la petite cour, sur l'un des bancs placés autour du ring, et attendons avec de nombreuses familles dont parents et enfants semblent très excités.

Dans un coin de la cour, des femmes vendent des sandwiches, des boissons, ainsi que des friandises pour les enfants qui n’auront de cesse de courir d’un côté et de l’autre en attendant le match.

2 heures passent . . .

Le spectacle n’a toujours pas commencé.

Nous sommes sur le point de partir lorsque les participants arrivent enfin.

Il s’agit en fait de lutteurs masculins et nous sommes très déçus. Mais nous apercevons des femmes qui se préparent dans les couloirs et comprenons que nous devrons attendre.

Les catcheurs,  déguisés et maquillés, se succèdent sur le ring, plus excités encore que le public. L’un d’eux semble même un peu trop violent.
Rémy sera à la limite de s’énerver lorsqu’il se fera arrosé "d'on ne sait quoi". Ce fou s’en prendra à un spectateur en le poussant violement à terre. Celui-ci portant des lunettes n'appréciant pas plus que nous cette sauvagerie.

Les combats se poursuivent. Le public est aux anges.

Les gosses hurlent, montent sur le ring, prennent parti pour l’un ou l’autre catcheur,
les pères s’y mettent . . .

C’est l’euphorie.

Nous devons être les seuls, avec les deux autres touristes, à ne pas rire.

Nous supportons ainsi plus d’1 heure 30 de catch – spectacle que nous n’apprécions pas particulièrement, vous l’aurez compris – entre ces hommes  - quoique ?! - et sommes sur le point de partir comme le font les deux jeunes filles étrangères, lorsque arrivent les cholitas tant attendues.

Il est 19 heures.
Nous sommes sur ce banc depuis plus de 3 heures.

Entre temps, la nuit est tombée.

Ça tombe bien, on ne pourra plus faire de photo !


Dire qu’on a failli payer plus cher pour des images que nous n’aurons pas !

Notre patience sera toutefois récompensée par la hargne simulée de ces femmes qui se battent comme des tigresses, d’abord entre elles, puis avec les hommes.

Le match des cholitas est un peu court à notre goût, surtout comparé à l’attente. Mais nous aurons ainsi l’occasion de voir ce qui se passe sous ces belles jupes !

Ce sont les seules photos à peu près réussies.
Ne pouvant vous en offrir d’autres, je me suis permise d’en "piquer" quelques bonnes sur Internet (site de France 24 – actualité internationale).
Rassurez-vous, ce sont les mêmes postures que celles que nous avons vues !
Note : Je lis sur ce site que ces spectacles sont « organisés spécialement pour les touristes étrangers ». Et bien, je puis vous dire que celui-là l’était pour les locaux et qu’ils ne louperaient ça pour rien au monde !
Pour ce qui est du « kitsch », je suis d’accord, mais c’est on ne peut plus typique !

Avec tout ça, il se fait tard. Nous devons absolument aller dormir.

Car demain est un grand jour. Peut-être le dernier pour nous 3 (!?!)

Nous avons en effet décidé de descendre la route de la mort en VTT . . .

Il ne nous en faut pas plus pour attiser notre curiosité.

Photos prises à Copacabana
Copacabana

(Toujours à Copacabana où les Cholitas semblent être très coquettes.)

Arrêt d'autobus à La Paz
 

 

 


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